▬ contexte

La ville connaît une montée du mouvement gay. Depuis quelques années, un homme du nom de Harvey Milk milite activement pour faire reconnaître les droits des homosexuels, bisexuels et autre transgenres. Après ses échecs aux élections municipales de 1973 et 1975, son nom et sa cause sont connues dans toute la ville et au-delà. Beaucoup viennent de tout le pays, même d’ailleurs, pour vivre dans l’espoir d’un avenir meilleur. Alors le Castro, artère qui a donné son nom à ce quartier de la ville, concentre une population hétéroclite. Des homosexuels mais aussi des hétéros désireux d’un monde libre, d’un coin loin de l’Amérique puritaine avec les jolies valeurs familiales. Et beaucoup milite pour cette liberté puisque, depuis quelques années, Harvey Milk a ouvert un magasin de photo, est devenu un militant de la communauté gay particulièrement actif, s'autoproclamant le « maire de Castro » et contribuant à établir le quartier comme une destination homosexuelle. Ignorés par l'association locale de commerçants, Harvey Milk et d'autres propriétaires, notamment homosexuels, de petites entreprises fondent leur propre association, baptisée Castro Village, officialisant en quelque sorte le nom du quartier gay. La vie y est animée, pas le temps de s’ennuyer ni de trop rester dans son coin. De nombreux bars et clubs animent alors la nuit pour s’amuser jusqu’au petit jour. La fête et la liberté sont à l’honneur, sans oublier la solidarité. Personne ne doit se juger, tous veulent mener une existence sans avoir de compte à rendre sur la moralité de leurs fréquentations. C’est dans la continuité du mouvement hippie qui a élu domicile dans un quartier proche, à Haight Hasbury, que la vie ici se veut pacifiste,

Malheureusement, malgré le militantisme, les policiers descendent dans ces bars pour molester les personnes présentes, puisque l’homosexualité est jugée contre-nature par l'Église. Les manifestations anti-gays ainsi que de nombreuses altercations ont lieu. Des jeunes, et moins jeunes d’ailleurs, se battent pour que la « dépravation des mœurs » ne se fassent pas dans leur ville, que le Castro est un lieu de débauche et que tous brûleront en enfer. Le jugement des autres est déjà cet enfer pour ces personnes voulant vivre en harmonie avec eux même et leurs choix. D’ailleurs le Castro Times, journal du quartier, défend les droits de ces citoyens américains aux professions diverses, obligés de se réunir dans un quartier minuscule de la vie pour être eux même. Il n'empêche que l'Amérique conservatrice est choquée par ce quartier qu'ils imaginent comme une perpétuelle débauche. Les plus extrémistes vont jusqu'à la violence physique !

Alors, San Francisco, la terre de toutes les possibilités ou l’enfer pavé de bonnes intentions ? Les différentes tranches d’âge se côtoient, discutent, s’amusent et s’entraident. Ils manifestent ensemble, main dans la main. Chacun prend en main son destin. Peu importe l’orientation sexuelle, le sexe et la couleur de peau, chacun a le droit de vivre une vie comme il le souhaite, à condition de respecter autrui. Le Castro se veut libre et moderne, en avance sur son temps d’une Américaine trop traditionnelle à leur goût.