••• Ange Lily Waels

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CHAPTER ONE – 1954
______DUBLIN, IRELAND ; THE DAY BEFORE THE DAY…

« Le plus magnifique endroit dans lequel tu m’ais emmenée… »
« Tu dis ça à tous les endroits où je t'emmènes. »

Un sourire mutin effleura les lèvres d’Abigail qui se leva sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur les lèvres de l’homme qui se trouvait à ses côtés. Son homme. Son Lucas. Celui avec lequel elle avait déjà vécu ces indénombrables aventures et qui s’apprêtait à se lancer avec elle dans celle, unique, qui arrondissait ostensiblement son ventre. Elle laissa une de ses mains errer sur celui-ci, attendrie, tandis que son regard glissait vers l’Irish Sea qui s’étendait, infinie, sous ses pieds. Les côtes d’Irlande, bien que balayées d’un vent frais et de nuages gris présages de pluie, étaient en cet instant, en effet, le plus bel endroit du monde puisqu’il était celui qui verrait sans doute éclore la graine de vie qui dormait en elle depuis déjà neuf mois. Huit mois et vingt neuf jours, pour être exact.

« Lucas, j’ai trouvé. »
« Quoi ? »
« Son nom. Ange. »
« Ange ? »
« Oui. Ange Lily Waels. »

C’était le dix neuf septembre 1952, veille de l’automne, veille de la naissance du petit bout de vie qui allait faire, des années durant, le bonheur de cet insolite couple formé par un jeune voyageur dans l’âme issu d’une famille de businessmans et une jeune femme espagnole, délurée et avide d’aventures.


SPECIAL FLASH :
______LUCAS WAELS & ABIGAIL GARCIA MARQUEZ

Etrange paire que celle formée par Abigail et Lucas. D’ailleurs, sans l’expédition de ce dernier dans une petite ville de l’ouest de l’Espagne, ces deux phénomènes – oui, phénomènes – ne se seraient sans doute jamais croisés tant leur rencontre était peu probable. Si Lucas n’était pas entré dans ce bar pour prendre tranquillement le temps de passer un coup de fil à sa compagne du moment, Abigail serait restée serveuse au Chiquito toute sa vie et lui se serait marié à une institutrice américaine. Issu d’un milieu plutôt aisé, pour ne pas dire très aisé, américain, Lucas était un jeune homme dont les véritables passion se comptaient par deux : la littérature et le voyage. Elle, deuxième fille d’une famille de trois, originaire d’un coin reculé de l’Andalousie pourrait passer pour une hippie avant l’heure, totalement décrochée de la réalité. Lui avait décidé de faire le tour de monde avant de se lancer dans la vie, de fonder une famille et de devenir journaliste. Elle ne voyait pas plus loin que le soir même et ne voyait d’aventures qu’en rêve. Pourtant, lorsqu’elle a vu ce jeune homme bien foutu et tout à fait charmant entrer dans ce bar un peu sordide, lorsqu’elle a entendu qu’il s’adressait à sa compagne, Abigail a pris la première vraie décision de sa vie : elle le voulait, lui. Les chances étaient minces, d’autant plus avec un parfait inconnu et surtout qu’il ne semblait s’agir que d’un coup de tête. Une vague amie qui récolta cette confidence plus tard affirma même qu’elle nageait en plein délire. Abigail n’eut aucune réaction sinon un sourire mystérieux. Six mois plus tard, elle quittait l’Espagne pour les Etats Unis… fiancée et prête pour un tour du monde.


CHAPTER TWO – 1958
______NEW YORK, USA ; OFF WE GO !

« Ange ! Non, ne touches pas la cigarette de ta mère ! »
« Laisse, elle joue… »
« Abigail… Plus tard, tu la feras jouer avec ce que tu veux, mais pour le moment, on va s’en tenir à l’harmonica. »
« Bah, elle fera toujours moins de bruit avec une clope. »
« Oui ma belle, mais l’harmonica à l’inégalable avantage d’être inoffensif. Aide moi à charger ta valise dans la voiture, on dirais que t’y as mis des briques. »

Ange avait quatre ans. A sa naissance, la nouvelle famille était restée quelques semaines à Dublin puis était retournée aux Etats Unis pour toutes les démarche et aussi, pour offrir un peu de stabilité à l’enfant, au moins dans les toutes premières années de sa vie. Lucas avait écrit pour quelques journaux et Abigail s’était découvert une vocation pour la photographie. Durant la quatre ans, une douce routine s’installa sur le ménage, jusqu’à ce que les deux pigeons voyageurs ne se sentent de nouveau des attaques de bougeotte. Continuer leur tour de monde, non plus en amoureux mais en famille et en faire découvrir toutes les merveilles à leur fille…. Voilà l’idée qui les poussa à refaire leurs bagages, direction les contrées que leurs précédentes pérégrinations avaient laissées inconnues.

Ange, de son côté, si elle ne pouvait encore émettre d’opinion sur le sujet, semblait toutes disposée à suivre ses parents. Enfant éveillée, elle montrait une curiosité qui faisait honneur à celle, inégalable, de son père et déjà on pouvait voir poindre chez elle les premier signes de cette fierté si espagnole qui n’abandonnait jamais sa mère. En outre, elle s’était aussi déjà découvert une passion bruyante et encore dissonante pour le vieil harmonica de Lucas qui avait eu le malheur de se trouver dans ses pattes un jour de grand rangement. L’on avait bien tenté de l’en dissuader et de la faire passer à autre chose mais la fillette ne s’était absolument pas laissé faire et avait prit le parti de faire en sorte de rendre ses interminables séance d’essais à l’instrument plus supportables que ses protestations lorsqu’on le lui enlevait. Avec brio, du reste. L’obstination était aussi un trait de caractère qui s’imposait chez elle. De même que le gout qu’elle semblait prendre aux nombreuses lectures que lui faisait son père, grand passionné de littérature. Du comte pour enfant aux pièces de théâtre de la Renaissance, tout y passait. On s’en fiche qu’elle ne comprenne pas, l’important, c’est qu’elle sente les mots… répétait son père lorsqu’on lui demandait ce qu’il faisait au chevet de sa fille avec un vieil ouvrage d’Hamlet à la main. Ainsi s’écoulait tranquillement la vie chez les Waels, jusqu’à ce que de nouveau, la famille ne s’envole vers d’autres horizons.