Mission "Pilotage" (PV Sid')

Mission "Pilotage" (PV Sid') Iconzacefrondou3

Le travail c'est la santé, qu'ils disaient ! Depuis plus d'une demie-heure, Carter tournait cette fameuse scène. Mais les choses n'allaient pas comme il voulait. Il avait l'esprit ailleurs, préoccupé par l'évènement survenu la veille... Quel drame ! Il avait revu Micah ! Et si on lui avait dit que ça allait le perturber de cette façon, il ne l'aurait jamais cru. En fait, il avait été plus que content de pouvoir lui parler à nouveau. Mais tout ce qu'il avait construit autour pour pallier à son absence avait été sérieusement compromis, remis en question ! Il aimait ce type comme jamais et la flamme qu'il avait cru éteinte n'était qu'endormie, enfoui sous des cendres qui se ravivaient violemment aujourd'hui. Il n'avait d'yeux que pour le beau blond, au détriment de son partenaire de tournage. Et dire qu'il avait revu le script toute la veille, sans se douter de la difficulté de le jouer maintenant ! En fait, ce n'était pas vraiment le scénario qui était spécial. C'était même basique, Jerker devait rentrer dans sa chambre d'hôtel, vétu d'un simple pantalon de cuir moulant et portant un plateau et se laisser faire par Spock. Spock justement ! Qui n'était nul autre que le frère cadet de Micah ! Il s'envoyait le petit frère Livingston ! Comment pouvait-il faire ça ? A la lueur de ses pensées, Carter se dégouta lui-même. Il avait envie de tout plaquer et de partir. Sauf que là, il ne pouvait pas. Il avait besoin de ce travail pour gagner un salaire et payer ses factures. Et si le blondinet avait la chance de bosser dans une librairie, Carter était refoulé où qu'il aille... en même ses compétences littéraires étaient plutôt basiques. Il n'était pas un grand connaisseur et il aimait les tâches où il disposait de sa liberté en quasi-permanence. Travailler dans un endroit clos... ce n'était pas vraiment son truc. Enfin là, c'était ce qu'il faisait en fait, puisqu'ils étaient dans l'un des studios de la production. Il entendit Sidney soupirer et le producteur beugler un "Coupez" mécontent. Carter baissa les yeux vers le frère de Micah qui était à genou et tentait depuis une demie-heure de faire monter ses hormones par une gâterie très intime, le genre qu'on ne se permet pas d'avoir avec n'importe qui. Le producteur arriva vers eux et écarta Sid' sans trop de retenue.

- Jerker, ça ne va pas ! C'est la huitième prise et tu n'as toujours rien ! Qu'est-ce qu'il t'arrive bon sang ?

- Je ne sais pas... je ne suis pas en forme...

Le producteur secoua légèrement ses parties intimes et lança excédé, comme si de rien n'était :

- Ah ouais, çà ! C'est le moins que l'on puisse dire ! C'est pas la grande forme, c'est même la berne aujourd'hui ! Je t'avais dit d'être en forme ! Mais enfin qu'est-ce que tu as fait cette nuit pour être dans cette état ?

Bonne question... très bonne question même. Il lança un regard gêné à Sidney et préféra ne rien répondre. De toute façon, il n'aurait pas été cohérent. Il se souvenait de tout, mais n'était pas sûr de l'avoir vraiment vécu... tout ça était si étrange, si surréaliste ! Il savait qu'il avait pas mal picolé, comme Micah, il savait aussi que le jeune homme avait eu beaucoup de mal à retenir ses hormones. Lui aussi d'ailleurs... et ils se souvenait de tout le reste sans oser y croire. Sid' ne devait probablement pas comprendre pourquoi il ne parvenait pas à travailler aujourd'hui. Ce n'était pas que le jeune homme n'était pas beau et désirable, au contraire ! Le cadet Livingston avait un corps difficile à oublier et surtout difficile à mettre de côté. Il était lui aussi beau physiquement et bien taillé. Et il déclenchait en temps normal un afflux impressionnant de pulsions. D'où l'incompréhension sur le plateau. CJ se sentait même agressé. Il avait l'impression qu'on lui en voulait de ne pas se sentir très bien. Les caméramens lâchaient des soupirs d'impatience, les maquilleuses venaient pour la dixième fois ajouter fond de teint et légère huile brillante, en tirant la gueule et le comble du comble, le producteur n'en finissait pas de tripoter, comme s'il espérait que ce contact lance enfin le "dressage du mât"... Quel imbécile, il n'avait pas compris que plus il posait ses mains plus c'était dégoutant ? Agacé, CJ eut envie de lui coller son poing dans la figure. C'était vrai quoi ! A force de le considérer comme une marchandise, il commençait à l'énerver au plus haut point et ce n'était vraiment pas la période parce qu'il était perdu. Il avait beson de repères, de discuter. Une assistante amena deux cachets bleus. Carter savait ce que c'était, du viagra, un médicament encore expérimental qui provoquait une virilité exacerbée. Mais il n'en voulait pas de ces cachets ! D'abord parce que ce n'était qu'expérimental, et ensuite parce que ça irait contre sa volonté du jour. Il ne voulait pas tourner, pas aujourd'hui, pas maintenant...

- Tiens, allez, avale-moi ça ! Tu verras, après, ça ira beaucoup mieux, tu pourras même te lâcher deux fois, voire trois ! C'est fait pour ! Dieu a inventé l'homme, moi j'ai trouvé le viagra !

- Je ne veux pas de ce machin. C'est le truc que l'on donne aux chevaux racés ça...

- Et alors quoi ? T'es un étalon non ? Allez prends ça et qu'on finisse ces prises !

Cette fois, Carter perdit le peu de patience qu'il lui restait et explosa, créant la stupéfaction autour de lui :

- Je n'en veux pas, j'ai dit ! Ok ? Alors foutez-moi la paix maintenant ! Voilà, ça bande pas, ça bande pas, point barre ! Ce n'est pas la bonne journée, ce n'est pas le bon moment. Désolé mais c'est comme ça ! Je vais pas attendre d'avoir envie de vous casser la gueule pour me casser. On reprendra demain, quand ça ira mieux, c'est tout. Pour un jour, vous allez pas en crever, merde !

Il poussa le producteur sur le côté et frôle Sidney avant de se diriger vers les vestiaires. Il était à poil mais ça ne le gênait pas. Il était tellement furieux qu'il en oubliait même sa pudeur ! Le producteur haussa les épaules et déclara :

- On remballe !

L'équipe technique se mit à l'oeuvre et rangea le matériel. Les techniciens s'affairaient pour partir plus tôt. Ce n'était pas souvent qu'ils pouvaient partir en avance ! Et cela avait plutôt l'air de les arranger ! Le producteur resta de longues minutes à marmonner, puis il se tourna vers Sid', en lui plantant le script dessus :

- Quand Monsieur aura fini de faire son caprice de diva, tu lui feras savoir que je retiens ça de sa paye ! Et qu'il fasse attention à être en forme demain, parce que sinon, c'est la porte, et il ira faire la pute dehors ! Ce qui est valable pour lui est valable pour toi aussi, parce tu n'avais pas l'air d'avoir envie ni d'en vouloir tout à l'heure ! Et ça ne l'a surement pas aidé ! Alors tu vas le voir et tu lui expliques le cas. Je vous veux demain, tous les deux, en pleine forme ou c'est la porte !

Sur ses propos venimeux et colériques, il partit, le visage rubicond. Carter ne l'avait pas entendu. Après sa sortie, magistrale certes, bien qu'ils ne soient pas au théâtre, mais dans un studio X, il s'était assis sur le banc des vestiaires, la tête entre les mains, les yeux posés sur le sol. Le destin lui avait joué un sale tour en plaçant le beau Micah sur sa route ! Maintenant, il était totalement perdu ! Le blond avait une nouvelle fois créé un séisme dans sa vie, rien que par un regard, rien que par des mots ! Il lui avait parlé, chose qu'il aurait cru impossible depuis leur dispute. Rien que ça, déjà, ça le mettait dans tous ses états. La porte du vestiaire s'ouvrit sur Sidney. Il le regarda avancer. Il était désirable, ça c'était clair... mais c'était surtout le petit frère de Micah... et il ne pouvait pas continuer à coucher avec lui comme il le faisait, même pour le travail, sa conscience, embrouillée le lui interdisait. L'ennui c'est que le jeune homme ne savait absolument rien de ce qu'il s'était passé la nuit dernière, même s'il devait avoir une multitude de questions là-dessus. Les deux jeunes hommes étaient nus, toujours maquillés. Une douche allait être nécessaire mais Carter n'était pas pressé. Il dit à l'adresse de son partenaire, l'allure peu fière :

- Je suis désolé... ce n'est pas toi qui cloche... au contraire, tu es parfait... Le problème vient de moi... il s'est passé quelque chose... cette nuit... quelque chose de... de bien... enfin je crois... je ne sais plus trop quoi en penser... Mais c'était quelque chose d'impensabe... j'en suis... retourné... j'ai le plus grand mal à y croire... alors ne va pas prendre ce qu'il s'est passé comme si tu en étais responsable. Tu n'y pouvais rien et tu as été très bien. C'est moi qui n'assure pas... je n'assure plus en fait... je me demande si je n'ai pas fait une connerie en me lançant là-dedans...