Just you, me, alcohol ... [Carter]

Just you, me, alcohol ... [Carter] 09091007295451234423506

Seules les désirs scandaleux font les grandes choses.

Castro, heure approximativement tardive sans pour autant en donner une précise. Micah marchait sans savoir où il allait, incapable de retrouver son chemin. Il était sorti fumer une clope, faire quelques pas dehors pour s'aérer la tête et … s'était perdu ! Il lui fallait pourtant y retourner car le jeune homme avait laissé sa veste aux vestiaires avec ses clés pour rentrer chez lui. En attendant, il tournait dans le coin, marchant pas tout à fait droit. Mister Livingston avait légèrement abusé sur la boisson …

Tout avait commencé normalement, c'est à dire un pote qui appelle pour proposer une soirée tranquille. La plupart du temps, tranquille voulait dire boîte pour aller danser, picoler et choper. Micah y allait surtout pour les deux premiers, il n'avait pas trop la tête à s'envoyer en l'air ces derniers temps mais qu'importe, sortir de chez lui ne ferait pas de mal. En effet, il régnait une ambiance glaciale chez les Livingston depuis cette fameuse sortie. Cela aurait du être une soirée sympa : Micah, incapable de proposer une sortie à Carter juste eux deux, avait eu l'idée de lui présenter son frère tandis que Carter avait amené un ami à lui. Mauvaise pioche car l'ami était l'ex de Sid, c'était lui qui avait brisé le coeur de son petit frère et leur dispute dans une rue de Seattle avait provoqué le départ du cadet et son exclusion de la famille. Autant dire que Micah ne le portait pas dans son coeur et le fit bien comprendre à la petite assemblée. Entendre son frère lui dire qu'il lui avait un peu pardonné et Carter défendre son pote, le blondinet avait envoyé paitre tout le monde avec méchanceté et les avais plantés là. Depuis ce jour là, il n'avait pas reparlé ni à Sidney ni à Carter. Si la guerre froide envers son cadet était justifié, Micah se disait tous les jours qu'il avait agi comme un con envers son sauveur et qu'il devrait aller s'excuser. Mais justement, tellement peur de passer pour un imbécile aux yeux d'un garçon inaccessible pour lui qu'il préférait rester dans cette situation et voir comment ça évoluerait. Sauf que rien ne bougeait, Carter et lui ne se parlaient plus et cela le désolait davantage chaque jour … Il déprimait de cette situation et plutôt que d'agir, de changer les choses, il restait enfermé dans sa chambre pendant des jours, sans aller bosser parfois ou alors passait ses nuits à faire la fête et à boire jusqu'à ne plus avoir de souvenirs. Oui, boire était une de ses nouvelles passions. Et quand on connait le jeune homme, on sait qu'il ne tient pas l'alcool et, mieux (ou pire selon là où on se place) se décomplexe totalement. A lui donc la drague, le déhanchement sexy sur les pistes de danse et les aventures d'un soir. Pas toujours terribles ces aventures, Micah s'était déjà réveillé avec des gens assez improbables. Et s'il se jurait de ne plus recommencer, il replongeait le soir même. Et ce soir, il s'était promis de ne pas trop boire. Un verre ou deux histoire d'être poli et trinquer entre amis.

Mouais. A peine arrivé, il commanda de quoi boire pour fêter cette soirée. Un verre, cela allait. Mais une heure après, quatre verres dans le nez, Micah sentait déjà qu'il n'était plus tout à fait sobre. Quand un mec lui offrit son cinquième, c'était fini, il avait la tête qui tourne et envie de danser, sauter partout, comme s'il sentait tous les cadenas de ses interdits sauter petit à petit. Une agréable sensation qui lui laissa un joli sourire sur le visage. Mais avec l'alcool, son autre addiction était sans conteste la cigarette. Il fumait depuis des années et trop aux yeux de ses amis, un paquet minimum par jour et on pouvait doubler ou tripler les jours de stress ou de déprime. Il était autorisé de fumer à l'intérieur mais un bol d'air frais ne fait jamais de mal et il sortit à l'arrière, où tout un tas de mecs et nanas fumaient ou se roulaient des pelles dans un coin. Pas un bout de mur où s'accouder et il ne tenait pas tout à fait droit en ne s'appuyant pas, Micah décida de faire juste quelques pas, le temps de finir sa clope avant de revenir à l'intérieur. Sauf que les quelques pas furent de trop et il fut à un moment incapable de se repérer et savoir où se trouvait la boîte. Hébêté pendant quelques minutes, Micah continua ses pas, espérant trouver par hasard son chemin. Mais en vain.

Tout en continuant sa promenade forcée, il s'alluma une deuxième cigarette et maudissait de ne trouver personne dans les rues à cette heure-là. Tout le monde était de sorti ou blotti chez eux, comme par hasard. Micah connaissait ce quartier comme sa poche depuis qu'il y vivait mais jamais on ne lui avait demandé de retrouver son chemin en état d'ébriété … Et au lieu de se concentrer sur le trottoir, il pensa qu'à cet instant, si quelqu'un venait le secourir, ce serait parfait. Un mec comme Carter, un exemple parmi d'autre. Enfin non, le blondinet ne voyait que lui. Il fallait avouer que ce type occupait pas mal des nuits de Livingston car il était un véritable nid à fantasmes, tout était possible avec un tel type. Enfin possible, juste dans les rêves hein ! Déjà qu'avant, CJ était intouchable mais depuis qu'il s'était brouillé avec lui, c'était vraiment mort !

« Vraiment con moi ... »

Il se parlait tout seul. Cela lui arrivait sobre alors saoul, c'était pire. Il s'arrêta un instant de marcher et tourna la tête vers une vitrine où il pouvait voir se refleter son reflet. Il n'avait rien en cet instant, du gentil garçon propre pour lui avec ses cheveux un peu en bataille, loin de sa coupe impeccable avec sa mèche. Et depuis combien de temps ne s'était-il pas rasé ? Lui-même ne pouvait pas répondre à la question, il avait perdu la notion du temps depuis son troisième verre. Il soupira et reprit sa marche. A force de tourner à gauche et à droite, il tomberait bien sur quelqu'un ou, mieux, sur son point de départ. Micah faisait un effort de ne pas trop tituber mais ça ne réussissait pas tout à fait et soupirait tous les deux pas, il n'aimait pas tourner en rond, dans tous les sens du terme. Et lorsqu'il vit une silhouette à quelques mètres devant lui, c'était la chance pour retrouver son chemin. Pas reflexe stupide, Micah vérifiait qu'il ne sentait pas trop l'alcool. Qui irait renseigner un mec bourré ? Il accéléra le pas, non sans manquer de tomber trois fois et foncer dans une poubelle, avant d'arriver à hauteur du type, car oui la silhouette même de dos ne faisait aucun doute. Il suffisait de tenter de parler correctement.

« Excusez moi mais en fait j'retrouve plus mon chemin et … oh ! »

Il s'arrêta de parler lorsqu'il reconnut Carter ! Ses yeux bleus s'agrandirent d'étonnement en réalisant que c'était bien lui. Il eut l'improbable pensée que quelqu'un avait du entendre ses pensées pour placer son sauveur sur la route. Il se sentit con quelques secondes. Devait-il s'excuser avant de demander son chemin ou faire comme si de rien n'était ? Non, le chemin était important, il avait commencé par ça avant de le reconnaître.

« Oh, heu … Salut Carter. Tu pourrais m'aider, je me suis perdu, je suis incapable de retourner au Badlands et je t'avoue que je suis pas totalement en état d'avoir le sens de l'orientation … »

Il lui fit un petit sourire désolé en se maudissant intérieurement de toujours lui raconter sa vie. Là, il devait passer pour un alcoolique et un malpoli car il avait oublié un …

« S'il te plait. »

Ah bah c'était fait, un peu à retardement mais il ne fallait pas lui en demander trop. En présence de Carter, il se sentait toujours un peu limité alors avec l'alcool c'était pire ! Mais même dans cet état, Micah pensait que le beau brun était toujours aussi sexy et attirant !

- Hé Jerker, tu penseras à être en forme pour demain, parce que tu tournes ! Ou tu te fais tourner, ah ah !

- Ouais ouais. Mais appelle-moi CJ...

- CJ, ok Cock Jerker ! Te faudra assurer demain !

Sur ces entrefaites, Carter quitta le studio de tournage, non sans soulagement. Aujourd'hui il n'avait pas tourné mais il avait revu le script du film sur lequel il jouait. Il n’y avait pas grand-chose à faire, mais le producteur voulait quand même qu’il reste au cas où l’un des trois acteurs qui jouaient aujourd’hui ait une panne. Il était son joker ! Ce type était un véritable obsédé, il se pelotait et pelotait les autres et affichait toujours un regard lubrique qui mettait tout le monde mal à l’aise. Non vraiment, il n’était pas mécontent d’avoir quitté le studio… surtout qu’en plus les ébats de ses collègues de travail l’avaient quelque peu émoustillé. Il se sentit légèrement opprimé pendant plus de dix minutes. Vivement qu’il rentre chez lui pour se déshabiller. L’avantage c’est que ce soir, pour son boulot de danseur privé, il allait avoir une sacré pêche. Il était 16 heures, il avait encore le temps de profiter un peu de la liberté et de l’air un peu frais. Tandis qu’il traversait un parc, un cycliste arriva vers lui et passa à côté. Sans qu’il ne le veuille vraiment, son regard le suivit avec envie. C’est qu’il n’était pas moche ! Il avait les cheveux blonds, des yeux bleus… il ressemblait à… bah à Micah… à cette pensée, CJ fut soudain empreint de nostalgie et de tristesse. Il n’avait pas pu supporter cette rupture qui finalement n’en était pas une, après tout, ils ne sortaient même pas ensemble. Se faire rejeter par Livingston, jamais il ne l’avait imaginé ! Même si entre eux, aucune relation sérieuse ne s’était établie, Carter était attaché à leur amitié, quand bien même elle n’aurait jamais débouchée sur rien. Le simple fait de voir le beau blond lui remontait le moral. Et ça lui donnait de l’inspiration aussi !

Depuis leur dispute, où, en fait, il s’était fait jeter par Micah pour avoir voulu « défendre », du moins tenter de défendre, l’ex de Sid, sans trop savoir qui il était à ce moment là d’ailleurs, CJ avait perdu son talent de musicien. Comme les poètes souvent en adoration devant des Muses, il ne trouvait plus la sienne. Sa source s’était tarie et il n’avait même plus le cœur à jouer de la guitare. Tout ce qu’il sifflotait sonnait faux, comme un vieux saxophone désaccordé. Bref, artistiquement il était anéanti, effondré, et totalement has-been. Fini les séances de gratte dans les parcs pour boucler les fins de mois. Alors il avait bien fallu combler ce vide pécunier. Le loyer était cher, la vie aussi dans son ensemble. Et personne ne voulait embaucher un petit « pédé » du Castro. Ils ignoraient que des bi et de purs hétéro y habitaient aussi ! Catalogué et refoulé par les entreprises, il avait écumé les endroits pour tenter de sauver son chez-lui. Quand le réalisateur était venu le voir pour lui proposer du porno, il était dans une telle situation que sa réticence disparut rapidement et qu’il prit l’emploi. Certes, le cadre était très spécial et le métier assez avilissant. Il n’était qu’un objet utilisé pour satisfaire les fantasmes d’autres personnes, posée devant leur écran de télévision, télécommande dans une main, l'autre se préoccupant de leur anatomie. Tant pis, il avait fait ce choix, ça lui permettait de joindre les deux bouts, enfin d’en toucher pas mal aussi, à la réflexion… Il arriva devant chez lui et ouvrit sa boîte à lettres. Deux factures… il fit une moue attristée et monta péniblement les escaliers menant à son appartement tout en ouvrant son courrier. Le téléphone avait encore augmenté et son propriétaire avait lui aussi mis un loyer plus élevé... voilà qui ne l'arrangeait pas ! Il ne faisait pas bon vivre au Castro actuellement... ni être gay finalement. Aux dernières nouvelles, la bande des Skinsheads avaient lynché un malheureux non loin de chez lui, à l'angle de la rue. Le type était à l'hôpital... et les auteurs couraient toujours !

Quand il fut en haut, il posa ses affaires contenues dans un sac à dos à même le sol et se déshabilla. Il avait transpiré. Lorsqu’il ôta son caleçon il se sentit soudain soulagé, comme libéré d’une pression à peine supportable. Et effectivement, même après une bonne demi-heure de marche, il avait toujours les traces hormonales de son après-midi « d’observation ». Il entra dans la salle de bain et prit une douche. Il fut tenté d’évacuer d’une façon artisanale sa tension mais se dit que la soirée allait être meilleure et lui permettrait d’accomplir ça en charmante compagnie. Et puis les clients payaient plus s'il était en plein vigueur et en pleine forme ! Il se sécha, enfila un caleçon propre, un jean serré et un t-shirt moulant. Devant le miroir, il regarda son corps assez bien foutu. On apercevait ses abdos sous le tissu et ses pectoraux. Voilà qui allait émoustiller les gens ! Il avait vraiment besoin e ce pognon ! Il enfila une paire de chaussettes de sport blanches et se laissa choir sur le canapé. Son esprit vagabonda de longues minutes dans le dernier rêve érotique qu’il avait fait. Micah avait décidé de passer beaucoup de temps à la piscine et lui, pour le voir toujours près de lui, le suivait et se cachait pour le mater à en perdre la tête. Le rêve remontait à deux jours, il s’était fini sur une sensation humide particulièrement agréable qui l’avait tiré du sommeil. D'ailleurs, à y repenser, il avait été obligé de changer ses draps avec, puisque cela avait traversé... Décidément, quoiqu’il fasse tout lui rappelait Micah. Il se mordit la lèvre quand une petite douleur se fit sentir au niveau de son jean et puis il repensa à la façon dont ils s'étaient disputés. Que n'aurait-il pas donné pour ne serait-ce que parler au jeune homme ! Perdu dans le méandre de ses pensées, il ramena un cousin contre lui et le serra.

L'autre jour, à la télévision, il avait entendu un psychologue, dire que serrer un coussin ou une peluche pour un adulte était une perversion de l'esprit. Lui savait que c'était un moyen de tirer du réconfort dans la solitude. Enfant, il n'avait malheureusment pas eu beaucoup d'affection. Il en aurait donné à n'importe qui mais n'en recevait que peu lui-même. Et finalement, d'avoir un coussin contre lui, même aujourd'hui, ça le rassurait. Et puis tant pis pour le psychanalyste. Il ne se masturbait pas avec quand même ! Il n'en avait jamais eu l'idée, lui, alors que ce charlatan y repensait sans cesse... à croire que les plus pervers n'étaient pas ceux que l'on pointait du doigt. Son regard se perdit tandis qu'il repensait à ce qu'était sa vie avant ce séisme émotionnel. C'était pas le luxe mais il était heureux. Là aujourd'hui, il lui restait quoi ? Le porno et la prostitution... le sexe en somme, pour tuer le temps... pour survivre. Au fond, il n'aimait pas son travail. Il aurait préféré mille fois être à la rue mais être toujours l'ami de Micah plutôt que de végéter sur un fauteuil la larme à l'oeil à ressasser un passé qu'il regrettait amèrement. Il finit par s'endormir. Son sommeil fut agité, troublé par tout ça. Il se réveilla brusquement mais sans sursauter et regarda l'heure. Il se leva rapidement ! Il était en retard ! Il enfila ses chaussures, se passa un coup de peigne et de parfum rapidement, et sortit de son appartement en fermant à clé. Il descendit les marches 5 à 5. Heureusement qu'il n'y avait personne, sinon il aurait bousculé pas mal de monde !

Il sortit en trombe dans la rue mais se stoppa net. Un cycliste le frôla à quelques centimètres, manquant le renverser sauvagemment ! C'était le cycliste de tout à l'heure ! Il le regarde de dos, jetant un coup d'oeil à ses fesses puis chassa ses pensées et se mit en route. Après un bon quart d'heure de marche rapide, il avait rattrapé son retard, ou l'avait sérieusement attenué. Il n'était plus très loin des Badlands. Il entendit des pas derrière lui. Il n'osa pas se retourner... s'il s'agissait d'un des gars de son frangin, cela n'allait qu'attirer leur méchanceté. Il accéléra légèrement. Apparamment ils devaient être plusieurs... il entendait comme des bruits bizarres, un peu comme s'ils s'emmêlaient les pinceaux. Il sentit que cela se rapprochait. Peut-être essayait-on de le doubler. Il se dit que s'il se faisait agresser maintenant, il n'avait que ses poings pour se défendre... Pour peu que les autres soient armés de couteaux... quelle fin minable... planté en pleine rue, dans un quartier pas si bien fâmé que ça. Le type était à son niveau et il se tourna vers lui. Plus de doute possible, c'était bien à lui qu'il en voulait. Il serra les poings et les dents et regarda le visage de son interlocuteur. Il ouvrit des yeux pleins de surprise. Il n'avait pas du tout pense que c'était vraiment lui. La voix lui était familière mais pour éviter de se faire du mal, il avait mis ça sur le compte de sa fatigue et de ses fantasmes.

- Micah... ? Oh ça pour une surprise !

Il mit du temps à calculer que c'était bien réel et qu'il ne rêvait pas. Il avait déçu un si grand nombre de fois ! La première chose qui le frappa ce fut l'haleine, un peu éthérée dirons-nous ! CJ regarda derrière lui, personne ! C'était Micah qui avait fait tout ce bruit en marchant ! Il devait en tenir une, mais bien bonne !

- Tu n’aurais pas un petit peu picolé toi par hasard ? T'as pas l'air très sûr de toi...

Il improvisa :

- T'as de la chance, je vais moi aussi au Badlands. Mais je ne sais pas comment t'as du te débrouiller parce que tu arrivais dans le mauvais sens, on est à 10 minutes là à peu près.

Micah n'était pas au courant pour la prostitution ! Merde, il ne pouvait pas plus mal tomber ! Carter fut face à un choix draconien : soit il l'accompagnait, soit il le laissait passer devant en lui indiquant une mauvaise direction pour qu'il se perde... il aurait été incapable de faire ça. Pas à Micah, pas à celui qu'il avait déjà sauvé une fois et qui à cet instant faisait taper son coeur comme un malade ! Qu'est-ce qu'il était beau ! Même ivre, il était plein de charme ! Il avait cet air pétillant, intrigant ! Jamais il ne l'avait vu comme ça ! CJ sentit le rouge lui monter aux joues. Mais avant de s'emballer davantage il demanda :

- On peut faire le chemin ensemble. Ou alors, si tu ne veux pas, je t'indique où c'est...

Il n'avait pas oublié que l'autre avait coupé les ponts... à son grand dam... et il voulait éviter un confrontation qu'il n'aurait pas pu supporter. La dernière l'avait pratiquement détruit...

Il aurait pu tomber sur n'importe qui. Il y avait beaucoup de monde dans le Castro, beaucoup de mecs. Mais non, il tombait sur Carter ! Et dans quel état ! Micah était légèrement décoiffé, le teint pas frais, pas rasé, l'haleine avec un mélange de tabac et d'alcool, titubant et pas cohérent. Il y avait mieux comme retrouvailles. Mais CJ ne semblait pas contrarié de la voir, surpris c'est tout. Sûr qu'il y avait de quoi car ils ne s'étaient pas vus depuis un petit temps et la dernière fois, ils s'étaient quittés sur un clash. Micah avait envoyé chier Carter méchamment et était parti. Et plus rien depuis. Le jeune homme avait pensé à s'excuser plusieurs fois mais il ne voulait pas se rendre chez lui, de peur de voir la porte lui claquer au nez. La meilleure solution aurait été de lui parler au parc quand il jouait à la guitare. Mais il ne jouait plus, ou alors Livingtson ne passait pas aux bonnes heures. Bref, c'était la première fois qu'ils se revoyaient et si ce n'était pas glacial, ce n'était pas l'euphorie non plus.

Il était toujours sexy. Peut être plus que dans ses pensées où il avait minimisé pour ne pas trop se faire mal. Micah laissa échapper son regard sur le corps de son ami retrouvé. Le t-shirt était assez moulant pour voir qu'il était plus que bien fait. Il se souvint qu'un jour, Carter avait montré ses abdos sans complexe sans se douter des effets que ça pouvait faire à Micah. Et là, s'il ne montrait rien, le t-shirt suggérait un corps de rêve et cela était davantage excitant. Mais il ne traîna ses yeux que quelques instants mais c'était suffisant pour faire remonter toutes les envies qu'il tentait de refouler depuis leur dispute, ça ne servait à rien de se faire mal. Micah préféra reporter son regard sur le beau regard de CJ et fit un petit sourire. Le coup de demander s'il avait bu lui fit prendre une mine un peu idiote, il souriait et levait les yeux au ciel. Oui, il avait bu mais surtout il ne tenait pas l'alcool. La preuve, il s'était perdu en voulant fumer une cigarette dehors ! Fâcheux non ? Il se sentait vraiment idiot lorsque le jeune homme lui expliqua qu'il était à dix minutes des Badlands. Dix minutes, comment avait-il pu se perdre aussi loin ? Carter se rendait aussi à la boîte, cela était étrange mais il ne souffla mot et voulut accepter son offre de se faire accompagner quand il ajouta la suite. Comment ça s'il ne voulait pas ? Micah serait le dernier à refuser et ne comprenait qu'à retardement.

« Pourquoi tu … ? Oh oui … »

Il se gratta la nuque, il en oubliait presque ses bourdes. C'était le moment de s'excuser, ils étaient seuls et avec un peu d'alcool dans le sang, tout serait plus facile.

« Non, non on peut faire le chemin ensemble. Si tu m'indiquais je suis capable de me paumer. Il me suffit pas de beaucoup pour perdre mon orientation. »

Il lui fit un sourire presque gêné. Il se rendait compte à quel point il avait été con quand il l'avait envoyé promener alors que le pauvre Carter n'avait rien demandé. C'était une réaction puérile et le mutisme l'était encore plus. Ils n'en seraient pas là si Micah était venu s'excuser le lendemain, ou serait retourné dans le bar pour lui dire qu'il était désolé. Mais non, il fallait toujours compliquer les gens, Livingtson ne faisait jamais dans le simple, ce n'était pas drôle sinon … Et ils se mirent en marche dans le silence le plus complet. C'était lourd, pesant et terriblement gênant. D'habitude, les deux garçons parlaient de tout et de rien, ils profitaient à fond de leur rencontre, Micah tentait toujours de faire comme si CJ allait disparaître une fois qu'ils se quitteraient. Là, c'était totalement l'inverse. Il fallait briser la glace, trouver quelque chose à raconter. Les banalités n'étaient pas terribles mais il n'y avait que ça à portée de cervelle …

« Qu'est ce que tu deviens ? Car ça fait un petit temps que j'avais pas vu … »

C'était nul. Il avait l'air con comme cela. Et vu comment il connaissait Carter, assez bien le pensait-il, et cette situation pourrait durer longtemps. Et même s'ils ne se voyaient que pendant ces dix minutes de trajet, c'était déjà trop dur. Il fallait trouver autre chose. Et Micah pensait vraiment qu'il était temps de s'excuser. Ca casserait peut être la glace. De toute façon, il n'avait pas le choix et c'était le bon moment.

« Tant pis si je te parais débile, si tu crois que je suis bourré alors que ce n'est pas tout à fait le cas … La dernière fois, je me suis comporté comme un parfait con. Tu n'aurais pas du entrer dans l'histoire, tu étais juste au mauvais endroit au mauvais moment … Et que tu défendes l'autre, ça m'a mis hors de moi, je me suis senti trahi. Déjà par mon propre frère … Je sais pas si tu connais l'histoire mais c'est pas la question … Je suis vraiment désolé. J'voulais te le dire avant mais j'avais peur que tu m'en veuilles et comme je ne te voyais plus jouer dans le parc, je me voyais mal débarquer chez toi, frais comme une rose pour m'excuser. Enfin me voir un peu émêché et incapable de retrouver la boîte, c'est pas la solution idéale mais … Enfin, bref … Désolé. »

Il baissa les yeux et ne faisait pas le fier. Lorsqu'il se remémorait cette soirée, il se sentait idiot d'avoir réagi ainsi. A la limite il aurait du mettre une baffe à son frère pour sa connerie, s'en prendre à lui mais à personne d'autre. Et encore moins à Carter … Le pauvre s'en était pris plein la tronche pour rien. Micah pouvait avoir un sale caractère quand il le décidait. C'était tombé sur lui, malheureusement et Livingtson tentait de réparer ses erreurs. S'excuser était un premier pas, la suite endiguerait petit à petit. Du moins il l'espérait. Mais après s'être excusé, une autre question le taraudait et la question lui échappa de la bouche …

« Qu'est ce que tu vas faire au Badlands ? Je croyais que tu préférais rester … discret ? Une boîte remplie de mecs en chaleur, c'est pas l'idéal hein ! »

Tout lui était sorti d'un coup et se mordit l'inférieur en s'en rendant compte. Puis il se mit à rire, nerveusement avant de continuer.

« Désolé ça me regarde pas et l'alcool me fait dire des trucs stupides ! »

Carter aurait tout donné pour ne pas avoir à supporter ce regard si électrisant. Il se sentait fondre littéralement sous les yeux de Micah. Et la sensation de se sentir si faible face à lui avait un côté agréable mais aussi désagréable. C'était bon parce qu'il retrouvait cette admiration, cette fougue et tous les sentiments qui en découlaient. Ce type était non seulement classe, même s'il était bourré, mais il était surtout une véritable bombe sexuelle. S'il n'y avait pas eu leur passé, CJ n'aurait pas pu retenir ses pulsions et aurait goûté à ses lèvres parfumées d'alcool et de tabac. Le goût et l'odorat étaient des sens mis en éveil, ou du moins qu'il voulait réveiller avec le beau blond. Néanmoins, tout cela était mauvais, pour son coeur déjà brisé, mais aussi pour ses sentiments. Entre eux, il n'y avait rien eu d'autre que de l'amitié, et Micah l'avait cassé. Enfin bon, Carter s'en voulait aussi d'avoir été aussi bête et d'être intervenu, il n'aurait pas du s'en mêler il le savait et cela lui laissait un goût très amer dans la bouche, qu'il n'arrivait pas à évacuer. Finalement, Micah devait surement penser de lui bien des choses peu catholiques... Le fait de se savoir jugé et condamné par le jeune homme le touchait plus qu'il ne l'aurait voulu. C'est qu'il avait partagé des choses avec lui, sa musique, son inspiration, la source de son inspiration. Livingston n'avait pas idée de l'effet qu'il lui faisait et des pensées qu'il lui inspirait. Il ne semblait pas percevoir les signaux que CJ lui envoyait, les appels du pied, voilés. Keepers ne voulait pas prendre le risque de se faire griller en tentant de la draguer... Il tenait trop à leur amitié. Sauf que là il n'en restait plus rien. Il était seul, il ne l'avait pas revu depuis un moment et le manque avait été difficilement supportable. Il ne put masquer son air étonné lorsque Micah accepta qu'ils fassent le chemin ensemble. Il avait pensé que le jeune homme l'envoie bouler, gentiment... ou méchamment d'ailleurs...

Un nouveau départ ? Pendant de courtes secondes, CJ pensa que oui. Il sentit son ventre se retourner et son coeur s'accélérait mais cet élan de bonheur fut vite arrêté par ce qui sortit ensuite de la bouche de Micah... s'il acceptait de faire le chemin avec lui, ce n'était pas pour lui, mais parce qu'il était bourré et qu'il n'arrivait pas à se repérer. Et paf... effet de douche froide... Carter eut l'impression de revivre sa douloureuse expérience de l'orphelinat... un coup de je te donne de l'espoir, un coup je te le retire... Il se sentit tellement mal qu'il ne trouva que le moyen de hocher la tête. Il se tourna de l'autre côté pour faire mine de regarder au loin. Surtout retenir ses larmes... ne pas craquer maintenant... Il s'en voulut d'avoir été aussi naïf et d'avoir pensé que ce serait une façon de tout reprendre à zéro. Il s'était fait un film en moins de temps qu'il n'en fallait pour l'écrire... Micah venait de tomber sur lui par hasard, il ne l'avait pas cherché, ce n'était donc pas pour le voir. Comment avait-il pu penser le contraire ? Désillusion, déception mais surtout colère contre lui-même, voilà ce qu'il ressentait. Il se gratta l'oeil, faisant mine d'avoir une poussière dedans puis les deux jeunes hommes se mirent en route. Carter marchait assez doucement pour éviter que Micah ne tombe. Vu la façon dont il avançait, en slalomant légèrement, il aurait facilement perdu l'équilibre. Carter fut tenté de se mettre à courir et de le planter là, par pure amertume mais il n'en fit rien. Il était incapable d'agir ainsi, pour tenter de le blesser. Il en pinçait trop pour lui. Et puis, Carter avait le coeur sur la main, il était incapable de faire du mal pour faire du mal, ça n'était pas son genre. Tout comme le fait de ne pas aider quelqu'un dans le besoin aurait été contre sa nature et sa personnalité.

Pour autant, il n'engagea pas de conversation. Il ne savait pas quoi lui dire. Il fait plutôt bon ce soir ? Non, ça faisait bateau. Comment il allait ? Plutôt bien apparamment, juste un peu paumé... paumé... s'il y avait bien un truc qui pouvait qualifier Micah c'était ça. Le jeune homme faisait perdu, tout le temps, il avait l'air de planer au dessus du monde, d'être libre de choisir son cap. C'était ce côté ailleurs mais indompté qui plaisait à Carter. Pourquoi ? Aucune idée. Il y a des choses qui peuvent trouver une explication. Autant dire qu'en plus avec son physique, le blondinet avait de quoi faire craquer n'importe qui surtout CJ qui le trouvait parfait. Ce gars là avait tout pour lui, et il ne lui voyait aucun défaut... sauf peut-être là, tout de suite, celui d'être bruyant... l'autre traînant les pieds et ayant une marche saccadée peu discrète. Le silence n'était troublé que par ça... et cela devint vite pesant. Keepers ne trouvait rien à aborder comme sujet, et il pensait toujours que son ex-ami lui faisait la gueule. De peur de gâcher ce court instant où ils allaient partager leur chemin, il préférera persister dans l'absence de mots. Il fut surpris que Micah lui demande comment ça allait de son côté. Mais comme il n'était pas impoli et qu'il fallait meubler ce temps, il répondit, de façon brève, la voix un peu bizarre, normal, vu qu'il lui mentait :

- Oh moi... je deviens un peu tout et n'importe quoi. J'ai... euh... trouvé un emploi, du coup je ne joue plus, de toute façon, j'en ai plus spécialement l'envie. Je travaille et euh... j'évite les lames... mais sinon ça va bien...

Comment lui dire que non, justement rien n'allait depuis l'autre soir ? Comment lui expliquer que là, à cet instant, c'était sa présence, même froide et distante qui l'empêchait d'être malheureux et de pleurer pour avoir tout gâché ? Comment lui avouer que son coeur battait à 100 à l'heure rien qu'à l'entendre parler, rien qu'à entendre sa démarche de type saoul, bien qu'élégante, rien qu'à le voir tout simplement ? Il aurait donné tout ce qu'il avait pour pouvoir le regarder droit dans les yeux jusqu'à en mourir. A simplement apprécier le spectacle de ses iris bleu océan, où se mêlaient éclats, tempêtes et mouvements artistiques ! Il ne pouvait pas dire ça... ils n'étaient plus amis, ça n'arrangeait pas les choses, mais avant leur dispute, Carter n'avait pas osé de peur de le perdre. Et puis, alors qu'il replongeait dans son silence, Micah se mit à lui parler et ce qu'il entendit manqua le faire défaillir. Le blondinet... il s'excusait ?!? Incrédule, Carter se mordit la langue pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Apparamment non... Il fut si surpris qu'il ne trouva rien à redire... tous les mots lui manquaient, un peu comme s'il était devenu muet et analphabète, il se sentait tout con... mais si heureux, si joyeux à l'idée qu'un nouveau départ était bien possible !

Manque de bol, une bonne nouvelle en amenait une moins bonne... si Micah semblait être prêt à repartir sur leur amitié, il posa une question qui décontenança davantage Carter. Qu'allait-il faire au Badlands ? Merde ! Il ne l'avait pas vu venir celle là de question ! Il ne pouvait pas dire à Micah qu'il se prostituait pas après ses excuses... Vite, une idée, un mensonge, pour éviter de se couvrir de honte... Il bredouilla, pris au dépourvu :

- Je... euh... hum... en fait, je... je n'y allais pas pour euh... enfin pour draguer... j'y vais pour me changer un peu les esprits, à mon travail, j'ai beaucoup de pression, et j'avais envie de sortir un peu pour me changer d'air. Et au Badlands, même si c'est parfois euh... torride... y'a de l'animation, tu vois...

Oui bon ok, il aurait pu trouver plus crédible mais en même temps Micah avait de ces questions ! Le genre d'interrogations auxquelles il ne s'attendait pas ! Carter aurait simplement dit à Micah qu'il avait oublié quelque chose pas loin et serait allé discrètement bosser... mais apparamment il venait de ruiner sa porte de sortie... qu'allait-il pouvoir dire... Il allait forcément être reconnu par les autres employés qui allaient lui taper la causette comme si de rien n'était. Il était piégé. Rien qu'à cette idée, il perdit encore plus ses moyens et balbutia, ne faisant pas attention devant lui :

- Ecoute... je... je veux pas donner l'impression que j'attendais tes excuses... parce que c'est aussi en partie de ma faute... je... je n'aurais pas du intervenir, ça ne me regardait pas... et j'aurais du comprendre quand tu t'es énervé, que tu avais des raisons... j'étais... enfin fautif quoi... si je n'avais pas fait de zèle, ça ne t'aurait pas fâché... ce que je veux dire c'est que je... je ne savais pas... j'ai agi bêtement... tu sais comme je suis... à toujours voler au secours de ceux qui en ont besoin... sauf que là... enfin je te connais, t'es quelqu'un de bien, de gentil... j'aurais du savoir que tu n'aurais pas réagi ainsi de façon injuste et que ta colère avait probablement des causes... je n'ai pas osé t'aborder... j'avais peur que tu t'énerves à nouveau et je me sentais honteux... je crois qu'on a tous les deux notre part de responsabilité... et que... et que finalement, cette histoire a été un malentendu... une sorte d'incompréhension... Donc tout ça pour dire que... ben que je suis désolé... moi aussi... et que je m'excuse... je n'ai pas été très intelligent sur ce coup...

Il sentit bête et alors qu'il continuait à marcher, il demanda :

- Hum... alors euh... toujours... comme avant ? Je veux dire... toujours amis ?

Il avait évidemment peur de la réponse... et il ne quittait pas des yeux... Résultat, ne regardant pas où il marchait, il buta sur le trottoir et tomba en avant, ayant juste le temps de mettre ses mains pour éviter s'éclater la tête sur le sol. Il se releva, le visage empourpré, les mains légèrement râpées. Il s'était fait mal, et ayant peur de paraître ridicule, il dit, cachant une petite grimace de douleur :

- Ouch... j'aurais du faire attention où je mettais le pied... aïe...

Tous les deux semblaient mal à l'aise. Cela se sentait à leur attitude, leur façon de parler, ces non-regards. Toute personne extérieure verrait que ces deux là en pincaient l'un pour l'autre, ils n'y avaient qu'eux qui ne le voyait. Micah regardait devant lui et essayait de se concentrer pour marcher droit, en vain. Il trainait des pieds, titubait un peu et n'arrivait plus à se tenir droit, il était légèrement vouté. Et il se sentait ridicule de rencontrer Carter dans une pareille situation. Avec un coup dans le nez, il était nettement moins glamou et en plus disait un peu n'importe quoi. En la présence du beau gosse, il essayait de bien se tenir, ne pas dire de conneries, faire assez bonne impression. Cela ratait immanquablement. Alors l'alcool n'aidant pas, il savait d'avance que toutes ses chances étaient foutues. Comme s'il en avait eu … Il se faisait trop de films, CJ ne s'intéressait pas à lui, il lui avait dit. Pas directement mais lors de leur dernière rencontre où ils étaient juste tous les deux, le musicien lui avait avoué qu'il en pinçait sérieux pour un garçon qu'il trouvait trop bien pour lui. Micah ne savait pas que c'était lui ce garçon trop bien, il s'était imaginé un pur canon irrésistible avec lequel il n'était pas en mesure de rivaliser. Il aurait voulu ne jamais savoir, se dire qu'il pouvait avoir potentiellement une chance, mais c'était ainsi. Puis il y avait eu cette soirée où tout avait basculé, Livingston avait envoyé bouler le type de sa vie et s'en voulait depuis. Il ne l'avait même plus comme ami, la vie était cruelle.

Toutes les excuses du monde n'y changeraient rien, mais il en fit quand même et levant les yeux vers Carter, il vit bien l'étonnement. Oui, le beau blond savait qu'il avait tort et le disait à voix haute, il aurait du le dire avant mais on ne sait jamais la réaction d'autrui … Mais il ecarquilla les yeux lors CJ s'excusa à son tour. Quoiqu'il en dise, c'était des excuses et c'était touchant car il n'avait pas besoin d'en faire, ce n'était pas sa faute. Aux rôles inversés, Livingston aurait sûrement cherché à tempérer la situation, prendre le parti de l'ami attaqué. Quand on ne sait pas les histoires, on ne sait jamais dans quoi on s'engouffre. Le blondinet sourit, finalement il avait bien fait de se perdre. Dans la boîte, il n'aurait pas vu Carter et si ça aurait été le cas, il ne serait pas allé le voir, trop honteux de sa propre méchanceté. Il pardonnerait tout à ce type pour peu qu'il reste à ses côtés. C'est idiot d'aimer quelqu'un et de ne pas l'avoir, juste à admirer la personne sans rien dire de peur de tout gâcher, de se taire et à peine espérer, vivre une vie parallèle dans les rêves où tout serait possible et se reveiller avec l'amertume au coeur car ce qui se passait dans les rêves n'arrivaient pas dans le monde réel. Ce genre d'amour est stupide mais on ne contrôle pas ses sentiments et qu'est ce qui est pire : aimer une personne à ses côtés sans la toucher ou souffrir d'aimer en ne voyant plus cette même personne ? Cruel dilemme mais Micah préférait la première solution sans aucun doute. Alors oui, toujours amis. Il allait le lui dire mais l'espace d'un instant, CJ disparut de son champ de vision et tomba au sol, se protégeant de ses mains pour ne pas se faire mal au visage. Tout s'était passé très vite et apparurent les mains rapées de Carter, légèrement ensanglantées. Sans réfléchir, dans le feu de l'action, Micah s'était dépêché de rejoindre le jeune homme sur le bord de la route et poser sa main sur le bras de Carter.

« Ca va aller ? Tu t'es salement ammôchés les mains, attends … »

De sa poche arrière, il sortit un mouchoir en tissu et eut le besoin de préciser :

« Il est propre t'en fais pas. »

On dit souvent des choses stupides lorsque l'alcool monte à la tête, on ne prend pas le temps de réfléchir et cela pouvait souvent amener à des conversations sans queue ni tête ou des questions un peu trop personnelles qu'on n'oserait pas poser en étant sobre. Il passa le mouchoir délicatement sur les mains de CJ pour retirer le peu de sang qui s'en échappait. Ce n'était pas grand chose mais il ne pouvait pas faire plus, il n'avait pas le pouvoir de guérir ni rien à disposition. Il l'aida à se relever et ils revinrent sur le trottoir. Micah ne l'avait pas lâché, sa main était toujours posé sur le bras du beau mec et il n'y fit pas plus attention. En temps normal, il aurait rapidement retiré sa main et opté pour une attitude gêné. Mais là, il n'y pensait pas, il voulait aider Carter et le seul moyen serait de revenir à la boîte pour qu'il se fasse soigner ou au moins se passe les mains sous l'eau.

Sans rajouter un mot, ils marchèrent pour rejoindre les Badlands où ils rentrèrent sans faire la queue du fait que Micah connaissait le videur, ce dernier l'avait vu rentrer tout à l'heure, et sans doute car il connaissait aussi Carter mais là, Micah ne le savait pas et ne prit pas la peine de le regarder alors qu'il avait salué silencieusement son compagnon de chemin perdu. Livingston crut que c'était pour lui. Il y avait plus de monde que tout à l'heure et il faisait chaud à l'intérieur, il n'était donc pas étonnant de voir la moitié des occupants torses nus. D'ailleurs, ce n'était pas dérangeant pour la vue. Mais le blondinet n'y prêtait pas plus attention que cela, son cerveau imbibé lançait une information de taille : Carter allait partir. S'il venait ici, c'est qu'il voulait s'amuser et pas forcément rester avec lui ! C'était logique. Micah voulait le retenir un maximum, il ne voulait pas qu'il s'en aille loin de lui maintenant, pas après l'avoir retrouvé et qu'il s'était excusé. C'était le moment pour repartir sur de bonnes bases, même si l'alcool n'irait pas forcément en sa faveur. Il ne fallait juste pas en abuser … Le problème était qu'une fois lancée, Livingston enchaînait les verres avec une aisance incroyable. Et c'est comme ça qu'il se retrouvait à oublier sa soirée et se réveiller chez un parfait inconnu. La demi-mesure, il ne connaissait pas, ses amis le tempéraient mais là, ils étaient tous sûrement sur la piste de danse ou n'importe où à se faire tripoter ou draguer. Micah devait donc se stopper lui-même, ce qu'il ne ferait pas. Car avec Carter à ses côtés, il allait stresser puisque quelque chose s'était brisé en eux malgré tout. Et contre le stress, il y avait la boisson. Donc il fallait retenir le jeune homme auprès de lui, il y arriverait, il le fallait. Il le lâcha enfin et, vu que la musique était forte, il approcha de son oreille pour lui parler.

« Tu devrais passer tes mains sous l'eau mais fais gaffe à toi là-bas, on sait jamais … Si tu veux prendre un verre avec moi après, je serais au bar. »

Il le regarda partir et croisa les doigts pour qu'il revienne. Il ne savait pas vraiment comment le retenir ni l'obliger à rester, il ne restait que la proposition et il lui laissait le choix. Micah, peu confiant en sa propre personne, ne s'attendait pas à le revoir. CJ avait sans aucun doute autre chose à faire que de traîner avec un type bourré et qui n'allait pas s'arranger puisqu'à peine arrivé au bar, il commanda un verre qu'il but d'une traite et un autre juste après avoir fini le premier. S'il ne revenait pas dans cinq minutes, il en commanderait un troisième. Mais déjà l'alcool faisait un effet euphorisant. Après cinq ou six verres environ, la transformation opérait. Micah n'était pas le même complètement bourré et sobre, il était plus détendu et plus entreprenant. Lui-même ne s'en rendait pas vraiment compte mais à son retour, Carter allait avoir quelques surprises …

A vrai dire, Carter avait oublié la douleur dès l'instant où Micah avait posé sa main sur son bras. Le blondinet avait été très délicat pour un mec bourré... et très attentionné, presque de façon naturelle. Keepers fut étonné de ne pas le voir rougir ou se raviser, se morfondre dans la gêne. Ce n'était pas son comportement habituel. L'alcool le mettait-il davantage en confiance ? En tout cas, le contact était plus qu'agréable et rien que pour ça, CJ aimait déjà le Micah décomplexé, imbibé et marchant en trajectoire aléatoire. Les deux jeunes hommes ne s'étaient pas vus depuis un moment. Il faut dire que la dernière fois, la situation avait dérapé et les avait rendu ensuite bien malheureux, mais chacun de leur côté. Ils avaient gardé ça pour eux, et là, actuellement, ni l'un ni l'autre n'envisageait de se confier. Effectivement, toute personne les observant, s'adresser des regards en douce et en coin, empli de désir et d'admiration comprenait que ce n'était pas que de l'amitié et qu'ils en pinçaient l'un pour l'autre sans vouloir se l'avouer et l'accepter. En fait, ça n'était pas une question d'acceptation, mais une question de crainte. Si certains couples n'hésitaient pas à y aller cash, à draguer ouvertement, CJ et Micah avaient une amitié, qu'ils ne voulaient gâcher pour rien au monde. Bon évidemment, depuis leur dispute, la chose était à reconsidérer. Enfin, pour Carter, c'était très clair, s'il arrivait à récupérer l'amitié du beau Livingston, ce serait amplement suffisant. Mieux valait vivre près de lui que rejeté de lui. Les deux hommes avaient le même raisonnement, sans s'en douter évidemment... et c'était là tout le comique ou tout le drame de la situation. En somme, ils étaient condamnés à rester amis tant que l'un d'eux ne craquait pas et ne tentait pas le tout pour le tout. Peut-être qu'avec l'alcool... enfin qu'importe, Micah saoul, faisait un peu peur à CJ...

Il était rare que le blondinet se livre à une telle consommation de bibine. Généralement, c'était un type calme, tranquille, qui faisait un petit peu intello, qui l'était d'ailleurs, mais qui au final gardait la stature du bonhomme sérieux, charmant et élégant. Carter avait l'impression d'avoir un bad boy devant lui, avec un air défargué, nonchalant, une petite touche de rébellion par ci... un petit air d'aventurier par là... c'était... excitant et terriblement sexy ! Enfin pour lui en tout cas. Durant le reste du trajet, il ne rejeta pas son ex ex-ami, au contraire. Ce contact lui fit prendre conscience de la douceur de ce type, qu'il désirait plus que tout. Ah si cette main pouvait s'aventurer ailleurs que sur son bras, si elle pouvait oser lui effleurer le cou, le torse... le ventre... ne serait-ce pas délicieux si elle venait dessiner d'un mouvement ses abdos ? Bien sûr que si ! CJ n'était même pas au travail qu'il éprouvait un maximum de difficulté à contenir ses hormones. Toute la journée, en train de regarder des acteurs pornos s'envoyer en l'air à plusieurs reprises, essayer des positions scabreuses, sans pouvoir évacuer le trop-plein d'excitation était déjà difficile à la base. Mais si en prime, il trouvait Micah sur sa route, pété comme une huître, se permettant un contact amical, mais ô combien percutant chez le jeune brun, alors non, rien n'allait plus. CJ s'en voulut à mort à cet instant, de ne pas avoir évacué manuellement toute cette tension. Il aurait du le faire ! Maintenant, il sentait ses joues rougir et une douce chaleur lui envahir le corps... Vite ! Un truc dégoûtant !

Aussi stupide que cela puisse paraître, il pensa au mouchoir de Micah et l'imagina sale, à cause d'un bon rhume... Voilà, ça c'était radical... ça eut pour effet de tout lui couper ! Non pas que le blondinet ne puisse pas être sexy même malade, mais le goût du mouchoir trempé, ça avait de quoi ôter tout glamour. Dans un sens c'était pas plus mal, puisqu'il aurait eu l'air totalement stupide avec une bosse préominente à l'entrejambe. Le temps qu'il parvienne à se ressaisir, ils parvinrent au Badlands. La musique à l'intérieur semblait endiablée. Carter fut conduit par Micah à l'entrée et le videur lui adressa un sourire. Il était au courant que le jeune homme faisait des passes et d'un coup d'oeil amusé, le félicita pour sa prise du soir. S'il savait ! Carter avait maintenant une trouille bleue. Si Micah découvrait qu'il travaillait ici, qu'allait-il penser de lui ? Encore, en tant que danseur privé, ça pouvait aller... mais en tant que prostitué... c'était difficilement avouable. Seulement, non, CJ n'avait pas le choix. Il avait un loyer et des factures à payer et l'avantage c'est qu'avec ce genre de travail du sexe, non seulement il se faisait plaisir mais en plus il gagnait un complément de revenus non négligeable. C'était un bon filon et sans lui, il n'aurait pas pu faire grand chose. Le problème c'est que là, il était en alerte maximum ! A n'importe quel moment, un collègue pouvait arriver et vendre la mèche sans le vouloir. Jetant des regards autour de lui, Carter se laissa "conduire" par Micah, priant de toutes ses forces pour que personne ne l'accoste.

Livingston n'avait pas remarqué... tant mieux ! Il ne poserait pas de question du genre : "Pourquoi tu tournes la tête ?", "Tiens t'as vu ce type là-bas il te fait signe pour que tu viennes" ou encore "Hé, pourquoi tu te caches derrière moi, qu'est-ce que tu me mates ?". Non finalement, c'était très bien qu'il soit bourré, au moins il passait à côté de ce genre de détails... Micah semblait avoir compris le fond de sa pensée. Mieux valait qu'ils se séparents. Il se contenta d'approuver d'un bref hochement de tête à sa remarque, puis tandis que le blondinet se dirigeait vers le bar, CJ se rendit dans les toilettes. Il regarda vers Livingston qui était occupé à commander, le dos tourné et se précipita vers l'arrière salle, direction le vestiaire. Il avança vers son casier, sortit ses clé et l'ouvrit. C'était là-dedans qu'il avait sa tenue de chippendale... ou de gigolo, au choix. Généralement le patron aimait bien utiliser des thèmes. Ce soir, c'était thème far west... avec au programme, le costume attitré au cow boy : un pantalon en peau de vache tannée, plutôt serré, une chemise ouverte, sans bouton, un foulard à mettre autour du cou, des bottes à éperons, en cuir véritable. Et puis le fameux chapeau et la ceinture. Carter examina la ceinture en arquant un sourcil. Il y avait un fouet, une paire de menottes et un pistolet ! Lui qui croyait que les armes étaient interdites ! Il dégaina et lâcha un cri de surprise. Le canon du pistolet se terminait par... par... hum... une réplique plutôt réussie de l'anatomie masculine ! Un instant, CJ se demanda si son patron n'était pas un peu félé...

Il rengaina l'arme et entreprit de s'habiller pour la soirée. Heureusement, il était plus ou moins habitué à se vêtir ainsi. Il enleva ses fringues, une à une, gardant tout de même son caleçon. C'est le moment que choisit un type pour pénétrer dans le vestiaire. Il s'agissait d'un collègue de Carter, un gars plutôt cool, un petit peu voyeur sur les bords. Quand il vit CJ en calbut, il eut un sourire des plus pervers et lança :

- Pas mal CJ... vraiment pas mal. Je comprends pourquoi t'as des clients ! Dis, ça te dirait toi et moi à l'arrière ? Bien envie de te l'enlever ce cal'çon...

- Le prends pas mal, mais t'es pas mon genre, Lance. Je les aime calibrés et discrets... ce que tu n'es pas.

L'autre se vexa et partit sans demander son reste. Carter eut un sourire amusé. Il s'habilla, ferma son casier et récupéra les clefs. Il s'approcha discrètement et regarda dans la salle. Micah picolait toujours à son bar. Parfait, il allait être bien occupé. CJ sortit du vestiaire, traversa en hâte la piste et se rendit à l'entrée, là où Micah était aller fumer sa clope. Il ne pouvait pas draguer à l'intérieur, le blond risquait de le reconnaître. Alors autant draguer dehors, les salles pour danses privées n'étaient guère loin. Keepers commença donc à aborder, démarche aguicheuse, les différents types présents non loin. Il se figea lorsqu'il tomba nez à nez avec un skinhead. Le type eut un sourire amusé sur le visage. Il le connaissait c'était le pote à son frère, un dangereux psychopathe. Le videur avait quitté son poste pour se rendre aux toilettes. CJ n'avait pas intérêt à rester là. Il s'éclipsa rapidement. Le skin head fit signe à trois de ses potes de le rejoindre. A l'intérieur du Badlands, Carter était comme chez lui, il savait où aller, d'ailleurs, il s'y dirigeait... lorsqu'une pensée lui traversa l'esprit : Micah ! Si la bande à son frère le trouvait au bar, ils allaient le faire sortir pour lui faire subir la pire dérouillée de sa vie ! Voire peut-être même finir le travail qu'ils avaient entamé la dernière fois et le saigner comme un cochon ! Résolument non ! Il ne pouvait pas laisser le jeune homme assis innocemment là courir un tel danger ! Il n'avait plus le temps pour se rhabiller... tant pis. CJ traversa la piste de danse et se précipita vers Micah qu'il attrapa par le loi pour le lever. Il lui fit passer un bras dessus son épaule pour pouvoir le guider aisément et déclara :

- Je suis désolé, vraiment désolé, mais je peux pas te laisser là... faut qu'on bouge... et vite...

Et avec rapidité et agilité, il fonça vers les salles à l'arrière. Les skinshead l'avaient vu prendre la fuite... il allait devoir trouver une salle libre. Les deux hommes marchèrent le long du couloir devant les salles avec un panneau "occupé". A mesure que les numéros défilaient, Carter avait une boule grandissante au fond de la gorge... elles allaient être toutes prises ! Il ne pourrait rien faire ! Mais la dernière porte fut la bonne ! Carter fourra la main dans sa poche, le poids de Micah qui semblait totalement perdu sur son épaule. Il chercha parmi les dix clés présentes, inséra la bonne dans la serrure pour déverrouiller la porte puis propulsa Livinsgton sans ménagement à l'intérieur avant de rentrer à son tour pour fermer doublement le verrou. La pièce était dans le noir. Carter ne savait pas si les skinhead les avaient vu, il espérait que non, ce qui était le cas, mais le stress ne le quittait pas dans le doute. Il resta silencieux, avançant légèrement pour chercher l'interrupteur. Il trébucha sur quelque chose, en essayant de se rattraper il alluma la lumière et tomba sur... sur Micah ! Le malheureux avait probablement du être déséquilibré par l'acte de Carter ! Il s'écarta de lui et le regarda, inquiet. Il demanda à voix basse :

- Hum... ça va ? Rien de cassé ? Je suis désolé d'avoir été aussi brutal... j'ai du agir vite... tu ne t'es pas fait mal au moins, dis ?

Il ne venait pas. Micah attendait au bar, son verre presque vide devant lui. Carter ne viendrait pas, il avait assez attendu. Pourtant, ils auraient pu un peu discuter, ils venaient à peine de se retrouver. Enfin, quand on vient dans cette boîte, ce n'est pas du tout pour discuter et le beau gosse avait du trouver quelque chose de plus amusant à faire que de parler à un type à moitié bourré. Enfin à trois quart maintenant avec les deux verres qu'il avait enfilé. Et l'image du beau gosse ne bougeait pas de son esprit. Il avait un visage magnifique, de beaux yeux, un sourire à se damner et une bouche qu'il rêvait d'embrasser depuis toujours. Quant à son corps … Micah n'en avait vu que les abdos une fois mais ça suffisait largement pour deviner que CJ était super bien foutu mais jamais le blondinet ne demanderait à en voir davantage. Ce ne sont pas des choses qui se demandent déjà et puis son ami pourrait mal le prendre. Ils étaient redevenus amis mais cela s'arrêterait toujours là. Livingston n'avait pas vu de signe montrant que l'autre était intéressé. Oui, il était sacrément aveugle mais il ne fallait pas trop lui en demander en cet instant, surtout avec le taux d'alcoolémie qu'il se trainait dans le sang. Enfin bref, Carter restait son fantasme inaccessible mais il pourrait à nouveau l'avoir à ses côtés. Enfin pas ce soir, il avait disparu une fois qu'ils étaient entrés dans la boîte.

Il décida de commander son troisième verre au bar, ce qui lui ferait un total de 8 ou 9 verres au total. Après celui là, il rentrerait se coucher. Il n'avait plus envie de s'amuser ni quoi que ce soit. Il prenait son temps pour boire, sûrement avec l'espoir secret que Carter revienne. A la place, ce fut Greg, un de ses amis avec qui il sortait ce soir qui vint s'assoir à ses côtés. Il lui retira le verre des mains.

« T'as pas assez bu ce soir ? »
« Peut être mais c'est mon dernier, après je rentre. »
« Déjà ? Ah non, tu restes ! Je t'ai revenu avec un canon tout à l'heure, il est où ? »
« Quelque part mais il est pas intéressé … »

Son pote lui répliqua quelque chose lorsque Micah se sentit partir en arrière, tirer par quelqu'un. Il se laissait faire, incapable du moindre réflexe et suivit la personne. Il la reconnut à la voix et sourit : Carter. Il avait eu raison de prendre un autre verre, il était revenu. Micah ne comprenait par pourquoi il s'excusa ni où il l'emmenait mais il le suivait, il y avait bien une explication. Enfin dans le cerveau du beau blond, il n'y avait que du brouillard et il avait bien du mal à suivre et à comprendre. Il capta avec beaucoup de mal où ils se trouvaient et fronça les sourcils. Pourquoi Carter l'emmenait dans les coin des salles privées. N'allez pas le prendre pour un pervers, il connaissait car ses amis aimaient lui payer un danseur pour son anniversaire où pour le « réconforter » lorsqu'il se faisait larguer. Il ne payait, les autres s'en chargeaient et n'allait jamais plus loin, Micah ne payait pas pour du sexe, surtout que sur la piste de danse, y avait une multitude de beaux mecs. Mais c'est vrai que les danseurs des Badlands étaient des fantasmes sur pattes. Toujours dans sa réflexion avec quelques neurones imbibés, il fut poussé dans le noir avant d'être enfermé à clé ! Que se passait-il ? La lumière apparut et Carter trébucha sur Micah !

Secoué par cette course dont il ne comprenait pas le sens, le blondinet se gratta la nuque et allait poser une question à son ami mais stoppa son élan en posant ses yeux sur lui. Sa bouche s'entrouvrit, un mélange de stupeur et d'admiration. Sous ses yeux, Carter portait une version sexy des habits de cow-boy. Et s'il se souvenait bien, il était habillé normalement quand ils se sont rencontrés. Quoiqu'il en soit, il était méga excitant là-dedans. C'est vrai que l'uniforme aidait pas mal, cela donnait une autre dimension au mec. Micah était sorti avec un flic pendant un petit temps et l'uniforme était tout simplement à croquer. Il n'était pas branché far-west mais Carter le faisait totalement changer d'avis. Là, il accepterait tout, et avec le sourire.

« Pourquoi t'es habillé en … Oooh »

Il comprenait enfin – il était temps. Les cabines, le fait qu'il ait les clés et ce costume …

« Tu bosses ici. J'aurais jamais deviné … »

Il gardait toujours la bouche légèrement entrouverte et n'arrivait pas à détacher ses yeux du beau gosse en face de lui. Ses yeux tentaient de se concentrer son le visage mais Carter avait une chemise ouverte sur son corps de rêve et il était difficile d'en faire abstraction. Quand on disait au-dessus que les danseurs des Badlands étaient des véritables fantasmes sur pattes recrutés au physique, il était évident que CJ devait s'y trouver. Cela ne choquait pas Livingston, toujours sous l'emprise de l'alcool, et au contraire cela faisait monter des pulsions d'hormones à la vitesse de l'éclair. Dans cet état là, il était difficile de se contrôler et d'ailleurs, Micah ne tentait pas vraiment de cacher son regard admiratif face à ce corps de rêve ni à refouler tout ce qui lui passait par la tête. C'est sûr que cela changeait du gentil garçon sobre que tout le monde connaissait !

« T'es super canon dans ce costume, c'est dingue … »

Il ne fallait pas non plus s'attendre à une déclaration poétique mais c'était la première fois que Micah donnait son avis sur le physique de son ami juste devant lui. Si on pouvait le mettre sur le compte de l'alcool, Micah n'en pensait pas moins même en étant sobre ! Et l'alcool le décomplexant, il n'allait pas rester sur ce coup d'essai. C'était assez simple : quand il est dans un état alcoolisé avancé, Livingston drague les mecs qui lui plaisent et il se montre assez persuasif pour réussir à presque tous les coups. Et là, ça tombait donc sur Carter. Ce dernier ne va pas trop comprendre puisqu'il ne le connaissait qu'en garçon bien sur lui. Le beau blond s'approcha de son ami du mieux qu'il pouvait pour ne pas tomber.

« Si tu voulait être seul avec moi, t'avais pas besoin de me traîner jusqu'ici, je t'aurais suivi. Surtout habillé comme ça … »

Il se rapprocha d'un pas encore, il était trop près pour une simple conversation et son léger sourire montrait bien que maintenant, il ne voulait plus vraiment discuter. Sa main vint se poser sur le torse en partie dénudée de Carter. Jamais en temps normal il aurait osé. Il aurait du car non seulement il était bien foutu, mais Micah ne contrôlait vraiment plus les hormones qui s'agitaient un peu trop pour juste une main posée … Enfin non, elle était posée sur le mec dont Micah rêvait depuis des mois, ce n'était donc pas rien.

Lorsque Carter était entré dans la pièce, son principal souci était d'échapper aux skinheads... Et ce n'était pas chose évidente. Micah avait eu un sacré passif avec eux, c'était d'ailleurs comme ça qu'ils s'étaient connus. De tous les mecs du quartier présents, CJ avait été le seul à se bouger et à lui venir en aide. Et quelle aide ! Il les avait dérouillés comme jamais, et n'y était pas allé de main morte. Un acte héroïque, surtout aux yeux de Livingston qui lui était redevable en quelque sorte, même si son amitié suffisait à son sauveur. Mais cet acte héroïque avait aussi signé son arrêt de mort. Les types de la bande ne cherchaient plus qu'à lui faire payer. Il le savait et en règle générale il les évitait soigneusement. Sauf que là, ce soir, il y avait dans les environs un autre mec que ces enfoirés voulaient saigner ! Le blondinet, qui avait sévèrement picolé, ne devait pas savoir qu'ils étaient là ni qu'ils en avaient après lui aussi. Carter aurait pu partir, insouciant, pour préserver son secret. Mais voilà, il savait pertinemment que s'ils avaient trouvé Micah au bar, dans son état d'ébriété, ils l'auraient entrepris avec une violence extrême. Keepers était un peu le responsable du blondinet en cette soirée. Il l'avait sous la main, sous surveillance, il aurait du rester avec lui et faire une croix sur son taf... du moins pour ce soir… tant pis, il aurait mis les bouchées doubles, sans jeu de mot aucun, le lendemain. De toute façon, là, c'était bel et bien foutu, ils en avaient pour deux bonnes heures avant de quitter la pièce. Le temps que ces enfoirés se décident à partir. Ils n’allaient pas attendre qu’ils sortent, ils avaient trop envie d’agresser quelqu’un pour se satisfaire. Heureusement qu’ils étaient connus et que les vigiles les mettraient à la porte vite fait. En attendant, et dans le doute, Micah et Carter se retrouvaient tous deux, seuls, enfermés dans un salon privé. Le cœur battant à tout rompre, la gorge sèche et l’oreille très attentive, CJ écoutait en espérant que personne ne soit blessé. Il ne semblait pas y avoir de problème au dehors. Il s’était relevé, préoccupé. Il n’avait même pas senti le regard du blondinet glisser sur tout son corps. Il en avait même oublié le costume ! Ce que le jeune Livingston ne tarda pas à relever, avec une grande pertinence, malgré l’alcool.

- Hein ? Je… je… en fait, je ne travaille pas vraiment ici… hum… pas tout le temps… normalement je… je suis serveur… enfin sur le contrat c’est ça qu’il y a écrit… mais en fait, je suis un peu polyvalent, je fais quelques remplacements…

Peu convaincant ? Evidemment ! Essayez-vous, de dire au type que vous avez envie d’embrasser et avec lequel vous venez juste de vous réconcilier : « Je fais le tapin, tout le monde m’a déjà sauté dessus. Même ton frère d’ailleurs… » ! C’était au dessus des forces de CJ. Ce dernier avait la boule au ventre et les joues écarlates. Il espérait son excuse crédible mais le jeune blond sembla l’accepter sans poser de questions. Il avait bien fait de boire, au moins, Carter pouvait mentir sans qu’il ne le capte vraiment. Comment aurait-il pu expliquer à son ami et à celui qu’il admirait pour sa face d’ange et son charme né, que non seulement, il faisait office de prostitué le soir mais que la journée, il tournait dans des pornos ? Et qu’en plus, il avait couché avec Sidney, à la fois au Badlands sans savoir qu’il était son frère mais aussi sur les plateaux de tournage, où là il savait que c’était bien le cadet ! Non décidément, tout foutait le camp, il n’avait plus le contrôle et il devait se ressaisir avant que ça ne devienne plus tendu encore. Il réfléchit quelques instants à la manière dont il allait devoir réagir, et surtout à la façon dont il pouvait protéger Micah de la triste réalité. Il ne voulait plus reperdre son amitié. Une fois avait été suffisante et l’expérience, en plus d’être difficile à vivre, avait été douloureuse. Carter ne souhaitait pas se placer sous les projecteurs, et donner l’impression qu’il hésitait. Il préféra donc se taire et méditer un instant. Mais le jeune blond le tira de sa rêverie avec un propos qui manqua lui couper net la respiration. Qu’avait-il dit ??? Keepers ouvrit de grands yeux de surprises et sentit le rouge lui monter aux joues… Il était habillé en cowboy et l’autre ne semblait pas être déçu du spectacle… « Super canon »… Avait-il bien entendu ? Il observa Micah longuement, comme pour tenter de décrypter son message…

Mais quand il croisa son regard, un frisson glacé lui parcourut l’échine. Le beau Livingston ne cachait pas son émerveillement ! Comme s’il venait d’avoir un coup de foudre soudain ! Carter n’aurait jamais pensé lui faire un tel effet ! Enfin, si dans ses rêves ! Et voilà que ça se produisait en vrai !!! Mais au lieu de ressentir du désir et de la passion comme dans son sommeil et dans ses fantasmes, il était terrifié. Qu’est-ce que tout cela voulait dire ? Qu’il en pinçait pour lui ? Ou que l’alcool l’avait sérieusement imbibé ? Quand Livingston reprit la parole, Carter put sentir qu’il n’avait pas profité du temps au bar pour se déshydrater. Il savait qu’en temps normal, jamais le jeune homme n’aurait parlé ainsi, jamais il ne l’aurait déshabillé du regard. Les yeux se fuyaient toujours, comme par peur de se croiser et de lire quelque chose de mystérieux, stigmatisant toute leur attention et les empêchant de se détourner. Jamais le Micah sobre qu’il connaissait n’aurait osé s’approcher aussi près… jamais ! Oh non… tout sauf ça… mais le blondinet choisit de persister et de signer. Paralysé par une terreur intérieure, Carter n’avait pas bougé. Il vit cette main… cette délicieuse paume couronné de cinq doigts s’approcher de son abdomen, où chemise ouverte, ses muscles bien dessinés s’exhibaient. Quand la peau douce entra en contact avec la sienne, CJ avait les joues brûlantes et une douce chaleur qui l’envahissait tout entier. Sans qu’il ait pu les contenir, ses hormones se libérèrent, se répandant à travers lui comme de l’eau tiède. Il sentit son boxer, logé sous ce pantalon moulant le serrer légèrement. Tout sembla s’effondrer… il lui fallait vite reprendre contenance ! Premier réflexe, fuir… il recula de deux pas, pour couper le contact avec Micah, mais il trébucha et s’affala sur le canapé. Deuxième réflexe, tenter de faire diversion :

- Je… euh… attends… je ne voulais pas t’emmener ici pour… euh… il y avait des skinheads, ils m’ont reconnu et ils t’ont reconnu aussi. Si je t’avais laissé au bar, ils t’auraient fait sortir pour te démolir et dans ton état, tu n’aurais pas opposé grande résistance…

Il ne mentait pas. Au départ, il voulait simplement lui sauver la mise. Apparemment, Micah avait prévu un autre programme et s’était fait un autre scénario. Carter pensait que ce désir du jeune homme n’était du qu’à l’alcool. Mais quelle souffrance terrible de devoir couper le contact de leur deux corps… Il en saignait de l’intérieur tant il aurait aimé rester sous la protection tiède de cette main si douce. Il avait tout le corps qui tremblait. Il s’assit rapidement sur le canapé, légèrement penché en avant. Dans son boxer, c’était carrément la guerre… la pression ne cessait d’augmenter, elle n’était pas prête de retomber ! Surtout que le blondinet lui faisait un effet terrible ! CJ meubla rapidement la conversation, en feignant d’ignorer Micah et lui dit, le ton indifférent :

- Je veux pas te vexer, Micah, mais là, t’es plus que bourré… tu en viens même à me regarder comme si j’étais un cornet de glace à déguster… mais enfin qu’est-ce que t’as foutu ? Pourquoi t’as picolé encore un peu plus ? Regarde-toi, t’es pas dans un bel état.

Il voulait que l’autre se vexe et s’arrête immédiatement. Pourtant, une petite part de lui, espérait que cette main viendrait glisser sur sa peau… oh oui et vite !

Il mentait sur son boulot mais Livingston se contenta d'hausser des épaules pour approuver. Chacun faisait ce qu'il voulait, il n'était pas le genre de mec à juger. Son meilleur ami faisait du porno, c'était ainsi ! Par contre pas sûr qu'il le prenne bien si Carter lui avait qu'il n'était pas que danseur mais aussi gigolo ! Là, c'est autre chose … Enfin, il lui ferait peut être la morale mais ils n'étaient qu'amis, Carter n'avait pas franchement de compte à lui rendre. Mais le blondinet était à des kilomètres de penser à tout ça, il est complètement rond et acceptait le mensonge. Ils en reparleraient une fois qu'il aura décuvé demain. Enfin s'il s'en souvient. Car oui, Micah avait l'alcool amnésique, il oubliait la plupart de sa soirée sauf quelques moments. Lorsqu'il se réveillait chez lui seul, il avait en tête des images avec des types qu'il se souvenait avoir vu mais avait un trou noir s'il y avait eu plus … Il était toujours entre deux mondes, le rêve et la réalité. Quoiqu'il se passe ce soit, Livingston ne serait pas sûr de pouvoir mettre les souvenirs dans l'ordre ni tout se rappeler. Tant mieux pour son ami, et pour lui aussi parfois !

Sûr que le pauvre Carter ne devait pas s'attendre à un tel comportement de la part du jeune homme. Mais lorsque l'on ne connait pas Micah Livingston sous l'effet de l'alcool, on doit s'attendre à de drôles de surprise ! Autan sobre, le beau blond passait son temps à repousser ses prétendants et rester dans son coin, ne s'approcherait jamais de trop près de Carter, ne le déshabillerait pas du regard aussi directement et n'irait pas encore moins le draguer ! C'était un changement radical, on pouvait bien le dire ! Et si les hormones de CJ s'étaient affolées au contact de la main sur son torse, il en était de même pour l'alcoolique de la soirée. Sauf que lui, ça mettait plus de temps à monter mais ne retirait en rien son envie de poursuivre avec le fantasme de ses nuits, et de ses journées aussi ! Pourtant, son ami recula un peu trop brusquement et Livingston n'eut pas le temps de comprendre que Carter se trouvait déjà sur le canapé. Mettez vous à sa place un instant et vous aurez sa façon de penser : son fantasme l'avait emmené dans une des cabines privées, il était habillé en cow-boy sexy, Micah venait de faire une tentative d'approche pas du tout subtil et Carter était sur le canapé. Le résultat de l'équation était clair, ils allaient passer aux choses sérieuses. Il allait faire un pas en avant quand CJ lui parla. Cela lui coupa l'envie de s'avancer davantage. Il blaguait, le repoussait ou la vérité ? Si c'était la dernière solution, Micah – même sous alcool – se sentirait mal. Il n'était pas encore totalement inconscient. Il prit un air paniqué un instant avant de froncer légèrement les sourcils. Une question idiote venait à son esprit : que faisaient ces cons dans une boîte pour homos ? Le réponse était simple mais elle lui vint lentement à l'esprit. Il ne fallait pas trop lui en demander ! Carter reprit la conversation et parlait de l'état du blondinet. Et plutôt que de se vexer, Micah sourit et passa la main dans ses cheveux. Oui il avait bu, oui il titubait et il aimait bien cet état de planer, de ne pas totalement contrôler les choses.

« Oh je suis pas si soûl que ça. J'ai fait pire, tu sais ! Mais moi j'aime bien dans l'état où je suis, je me sens bien … Je touche pas à toutes les conneries comme … la drogue, les merdes qui circulent … J'ai bien le droit d'être euphorique moi aussi car la journée, bah j'me fais un peu chier. Enfin tu sais qu't'es pas crédible à me faire la morale habillé comme ça ? Moi ça m'perturbe ... »

Et Micah conclut par un petit sourire en coin, amusé et en même temps un poil pervers. Le costume de Carter commençait à le mettre dans un état incontrôlable alors il décida de rejoindre son ami sur le canapé, mais juste en s'asseyant à côté de lui. Il resta un petit temps à ne pas parler. Non pas qu'il avait rien à dire mais qu'il était incapable de prononcer une phrase correcte rien que dans son esprit alors il ne voulait pas être incompréhensible et passer pour un mec défoncé alors qu'il venait de dire exactement le contraire juste avant. Puis il repensa, avec du mal certes, à cette histoire de skinheads dans les Badlands. Sûr que Livingston avait un drôle de passer avec eux et n'avait pas du tout envie de se retrouver poing à nez avec eux. Mais c'était une vraie histoire ?

« Heu … C'est vrai cette histoire de skin dans la boîte ? »

Oui c'était vrai, pas un simple mensonge. Après le léger malaise qui le traversa, c'est dire qu'il avait pensé que Carter l'avait entraîné ici pour quelque chose de beaucoup plus … disons physique, il avait un peu déconné. Mais Micah le bourré avait le cerveau qui tournait dans un sens assez différent, à croire que les neurones s'entrechoquaient et donnaient des idées et des réponses décousues. Et quelque chose apparaissait : Carter lui avait encore sauvé la mise en l'entraînant ici, le cachant aux yeux de ses malades. Alors le jeune homme se tourna vers son héros et posa sa main sur la genou de Carter et sourit doucement.

« Ca veut dire que tu m'as encore sauvé la vie. A force, je vais plus me passer de toi … Enfin c'est déjà un peu le cas. Faut que je trouve un moyen de te remercier … »

Là, par contre, son cerveau avait mille et une idées pour « remercier » son ami. Et tout était plus ou moins scabreux, il fallait bien l'avouer. Sa main sur le genou remontait lentement puis s'arrêta à mi-cuisse pour finalement s'enlever puisque Micah se leva d'un bond, et chercha un certain équilibre car il y est allé un peu trop vite ! Il prit en même temps le chapeau de Carter pour le mettre sur sa propre tête, se dirigea vers le podium de danse en riant un peu comme un con mais avait bien quelque chose derrière la tête.

« J'suis déjà venu dans les cabines. Mes amis m'ont toujours dit que ca me ferait du bien, ou pour mon anniversaire. J'précise que j'ai jamais rien fait de plus que d'être assis et regarder … Ah si, y en a un qui m'a embrassé … Bref, j'sais que certains font gigolo mais j'paye pas, moi ! Tout ça pour dire que … j'ai toujours eu envie de danser dessus. C'est sur que je serais pas aussi sexy qu'un mec comme toi mais j'me sentirais moins ridicule dans mon état ! »

Il monta les marches du podium, pas très grand et avec une barre en plein milieu. En général, Micah dansait pas trop mal. Disons qu'il avait un beau déhanché lorsque la musique était bonne. Il se lâchait plus selon le nombre de verres, donc là il pouvait faire n'importe quoi sans se censurer. Il chercha tout d'abord à mettre la musique. Il trouva en premier la lumière qui éclairait là où il se trouvait. L'autre bouton éteignit le reste de la pièce, Livingston était donc en pleine lumière tandis que Carter était en partie dans la pénombre. La musique, ça devait être les boutons d'à côté. En enclenchant un, le son retentit assez fort. Il n'y avait plus qu'à se laisser porter la musique. A noter que n'importe qui dans cet état pouvait se ridiculiser, à ne pas faire. Mais Micah était meilleur danseur sous l'effet de l'alcool et c'est donc tout naturellement que son déhanché était tout bonnement sexy, qu'il fit connaissance avec la barre en se frottant contre elle, se laissa tournoyer légèrement autour. Oui, il dansait affreusement bien et osait même parfois lancer des sourires à Carter. Ce dernier allait avoir des difficultés à se contrôler après. Livingston devrait changer de vocation car chaque mouvement de hanche était tout bonnement divin. Mais tourner autour de la barre peut facilement vous faire tourner la tête et après deux minutes de show, Micah appuya pour stopper la musique. Il s'assit puis redescendit à terre. L'absence de lumière ne lui permettait pas de voir Carter mais l'inverse était possible, le beau gosse assit pouvait voir pleinement le jean serré de Micah et son petit air malicieux avec ce sourire en coin. Il s'avança avec assurance, toujours pourtant en titubant, et s'assit à califourchon sur le beau gosse et approcha un peu trop son visage.

« Alors reconversion ou pas ? J'sens que t'as bien aimé en tout cas ... »

Difficile, assis ainsi sur CJ, de ne pas sentir sa bosse. Alors Carter, tu en penses quoi de ce show ? Micah avait prouvé qu'il pouvait être chaud bouillant ! La suite s'annonçait dans un calme difficilement contrôlable …

Carter allait proposer à Micah de le remercier en lui payant un verre un autre soir... mais finalement le jeune blond en décida autrement. Faut dire qu'il était beaucoup plus sûr de lui avec un coup dans le nez ! Ce n'était pas pour lui déplaire, au contraire, intérieurement, CJ avait chaud et il sentait que ça risquait de bouillir davantage dans quelques instants, s'il ne faisait pas quelque chose. Il ne pouvait pas prendre le risque de sortir, pas encore, pas tout de suite. Les skins n'avaient probablement pas quitté la place et ils représentaient un vrai danger pour les deux hommes. L'un se ferait démolir le portrait, l'autre se ferait probablement planter à la première occasion. Rien que d'y penser, il en avait un frisson glacé qui lui parcourait le dos. Il sentait le peu de poils sur ses bras se hérisser. C'était étrange, depuis ce soir, qu'il avait recroisé Micah et qu'ils s'étaient reparlés, une seule chose le préoccupait : lui sauver la peau au détriment de sa propre sécurité. Il ne pouvait plus s'empêcher d'éprouver à son égard le sentiment qu'il devait absolument le protéger. Etait-ce à cause du fait que le jeune blondinet soit bourré à l'alcool ? Peut-être, mais cela n'expliquait pas tout. CJ éprouvait tellement de sentiments qu'il avait enfermé qu'il se trouvait comme au pied du mur. Il avait l'impression qu'il avait Micah au bout des lèvres, qu'il ne restait plus qu'à aller en avant pour l'embrasser, enfin ! Alors oui, il s'inquiétait pour Micah à cause de l'alcool mais il l'aimait, il ne pouvait plus le nier. Là, il angoissait rien qu'à l'idée qu'il puisse être tabassé et finir à l'hôpital. Le blondinet s'en foutait royalement. Il avait les hormones au plus haut mais ça n'était pas le cas de son accompagnateur qui avait encore endossé l'uniforme de protecteur ce soir... à l'avoir su, il aurait demandé le costume du sheriff... Enfin , rien qu'à voir la réaction de Micah au costume de cowboy, CJ aurait eu interêt à faire attention à ses menottes, leur utilité aurait été revue de façon plus moderne, probablement plus sexuelle étant donné le comportement débridé qu'avait le jeune Livingston.

Tout cela gênait très franchement Carter. Il n'avait pas oublié les rêves qu'il avait fait. Et dans quasiment tous ces rêves, il se passait toujours la même chose, peu importe de quelle façon, Micah se retrouvait nu devant lui, sans qu'il puisse bouger. Il sentait juste une agréable sensation lui parcourir le corps puis sans qu'il ne contrôle, ils se retrouvaient peau contre peau, bouche contre bouche dans un mélange affolant d'hormones, de chaleur et de soupirs d'aise. Finalement, au terme d'un instant de délice et de volupté, il se réveillait, dans une sorte d'orgasme incontrôlé qui rendait obligatoire son changement de sous-vêtement après une bonne douche... Mais même sous la douche, il n'arrivait plus à enlever cette vision de Micah, dont la peau était parcourue de sueur et brillait comme la surface d'un océan, océan bleu dans ses yeux qui ne disaient qu'une chose : encore ! C'était comme si un écran de cinéma avait été imprimé sur les paupières de Carter, un écran gigantesque dont il ne pouvait plus se défaire. Dans ses rêves, Micah était un amant parfait, qui ne voulait qu'une chose recommencer encore leur séance de jambes en l'air. Cependant, CJ ne rêvait pas tout le temps de son fantasme dans des positions torrides. Il lui arrivait de rêver qu'il l'observait, tout simplement, à l'abri derrière un arbre, en train de faire un jogging par exemple. Il lui arrivait de rêver que Micah distribuait des journaux et qu'il le suivait derrière les clôtures. Dès lors que le blondinet occupait ses nuits, il occupait aussi ses journées. Impossible de se détacher du charme de Livingston et avec leur dispute, tout avait empiré. Il suffisait qu'il voit son visage rien que son visage pour se réveiller en pleine forme hormonale. Parfois, la tension était si vive, qu'il se laissait aller à un plaisir solitaire, pour évacuer le trop-plein. S'il ne le faisait pas, la situation lui devenait insoutenable.

Carter croyait être au bout de ses surprises et il avait du mal à imaginer comment la situation actuelle pourrait être encore pire. Il ne connaissait pas le Micah plein comme une huître. Et d'ailleurs, à l'instant précis où ce dernier se mit à danser, il aurait voulu ne jamais le connaître. tout avait l'air si différent, si paradoxal... on aurait dit un de ses rêves ! C'était peut-être ça ! Un rêve ! Comment en être sûr ? C'était quasi-impossible. En tout cas, l'attitude de Micah, irréaliste, lui faisait peur. Il paraissait déchaîné, prêt à certaines folies qu'il n'aurait jamais cru voir sortir d'un type au visage si angélique. Micah avait le coeur sur la main, et probablement un caractère caché là-dessous. Mais aux yeux de CJ, c'était un type sympa, qui avait du goût, dont la compagnie était agréable, mais sérieux. Livingston cassait un mythe ! Au delà de la peur, le cowboy appréciait évidemment le spectacle. Le déhanché, la gestuelle de son ami, et probablement plus s'il continuait ainsi, avaient de quoi éveiller toutez son attention et sa curiosité. Il se pinça le bas, discrètement pour voir si tout cela était bien réel. Pas de doute, la douleur disait bien que ça n'était pas un rêve. Il n'en revenait pas. Et tandis qu'il cherchait à mettre de l'ordre dans son esprit, ses hormones agissaient comme des furies, qu'on aurait libéré. Il était dans la pénombre, pas vraiment visible pour ce danseur aux formes alléchantes mais lui voyait très bien. Il sentit rapidement la pression monter sous son pantalon serré. Quelle idée d'avoir mis un jean moulant ! C'était une bêtise ! Parce que maintenant, il était sévèrement opprimé. Il avait chaud, et il transpirait légèrement. Il se sentait très mal à l'aise mais retenait un léger soupir de plaisir à voir se dandiner Micah. Ce dernier cessa sa danse et avant que CJ ne comprenne comment et pourquoi, il s'assit sur lui à califourchon. Carter ne pouvait pas s'y tromper, son ami avait les hormones aussi secouées que lui. Et son jean commençait à serrer de façon très voyante. Mais pire encore, Livingston venait de s'asseoir sur sa bosse. Ce contact lui fit du bien, il leva les yeux au ciel. Quel supplice !

Mais quand Micah lui parla, il sentit l'odeur d'alcool. Le blondinet était dans un autre état que celui de d'habitude. Passablement emmêché, est-ce qu'il avait conscience de ce qu'il faisait ? Intérieurement, ces gestes faisaient mal à Carter. Pour lui, ce n'était que passager et dès que le blond serait redevenu sobre, il aurait soit oublié, soit il mettrait les points sur les "i". Pour CJ, il était impossible que Livingston fantasme sur lui et qu'il le trouve attirant. L'alcool lui avait fait perdre la tête, et l'esprit pour un petit temps d'ivresse. Et après ? Tout redeviendrait comme avant... ou pas... Keepers n'était pas un salaud ou un profiteur, en tout cas pas avec les gens qu'il appréciait. Il était honnête, même s'il mentait sur ses sentiments, sur son métier, sur ses jobs supplémentaires, nécessaires à payer son loyer. Il n'était pas du genre à abuser d'une personne en difficulté. Même si reconnaissons-le, Micah était tout sauf en difficulté, il semblait même en position de force comme jamais auparavant il ne l'avait été. En fait c'était lui-même qui était dans une sale posture. Il devait choisir entre succomber à l'envie terrible de l'embrasser, de libérer cette pression dans son pantalon ou alors le rejeter. Mais quoiqu'il en soit, étant donné qu'il était le seul à avoir les idées clares, il allait bel et bien devoir prendre une décision... dans les deux cas il risquait de le regretter. Evidemment Micah sentait bien qu'il l'avait mis dans un état à la limite de la décence. CJ réagit brusquement, comme s'il avait reçu une charge électrique. Il poussa Micah sur le côté, le faisant tomber sur le canapé et se leva en récupérant son chapeau de cowboy. L'air de rien il s'en servit pour masquer sa bosse et se justifia :

- Non... c'est mon calibre. Enfin, je veux dire mon calibre... mon arme de cowboy... celle qui va avec le costume. Voilà, c'est ça que tu as senti... et que tu prends pour autre chose... écoute, on va attendre qu'ils soient partis... le mieux c'est que... que tu restes assis, tu ne marches pas droit et il ne faudrait pas que tu te blesses... hum...

Il s'installa un silence pesant. Carter ne pouvait s'enlever l'idée qu'il faisait une grosse connerie en rejetant le type de ses fantasmes. Mais il était bien obligé de s'en tenir à son rôle de protecteur, même si bon, Micah ne risquait rien d'autre qu'une partie de jambes en l'air dont ils garderaient probablement un souvenir merveilleux... Tout de même, il n'était pas dans son état normal. CJ se mordit l'intérieur de la joue. La douleur à son entrejambe se faisait plus vive... Il cassa l'ambiance d'enterrement en disant, pour changer de sujet :

- Je ne savais pas que tu dansais aussi bien. Tu me l'avais caché. On dirait que tu as fait ça toute ta vie.

Il avait beau réfléchir à une issue, il était coincé... il allait devoir ménager le temps. De quoi Micah pouvait-il donc encore être capable ? De pire ? Il sentit des sueurs froides glisser sur son échine... ce serait le bouquet...

Micah avait sorti le grand jeu afin d'avoir ce qu'il désirait. Généralement, cela était beaucoup plus rapide, pas besoin d'en faire des tonnes. Le jeune homme, sous alcool bien sûr, ne draguait pas beaucoup mais quand il le faisait, celui qu'il voulait succombait rapidement. A croire que Carter avait peur de quelque chose. Oui mais de quoi ? Personne ne pouvait les déranger, Livingston s'offrait tout à lui sans aucune condition et il sentait pertinemment que son show avait bien excité son ami.A califourchon sur Carter, il maîtrisait la situation et était persuadé d'être arrivé à ses fins. D'aussi près, il voyait les joues rouges de sa proie ainsi que les gouttes de sueur sur son visage et torse. D'ailleurs Micah n'en pouvait plus de cette vision, il voulait passer à la vitesse supérieure, son cœur battait tellement fort qu'il avait l'impression que l'organe avait sortir de sa poitrine. CJ représentait à ses yeux le mec parfait, aussi bien mentalement que physiquement. Bien que sous l'effet de l'alcool, il ne percevait que son corps de rêve, il ne fallait pas trop demander trop à Micah avec tous les verres qu'il s'était enfilé. Mais au-delà de cela, il ne fasiait pas son numéro juste pour coucher, pas juste du sexe pour du sexe. Livingston avait envie de Carter depuis leur rencontre, envie de le toucher, de l'embrasser mais aussi d'être avec lui tout simplement. Ses nuits étaient peuplés de rêves sur son fantasme absolu, il avait du essayer toutes les combinaisons possibles de lieux, scénarios et d'orgasmes possibles. Enfin sauf celle qu'il vivait à l'instant. Micah s'était souvent réveillé en pleine nuit par un plaisir sans nom, trop fort. Mais rien de penser à un simple baiser le mettait en émoi. Alors de savoir que cela pouvait se concrétiser en cet instant où il était assis sur CJ le rendait encore plus fou.

Sûr que ce ne sont pas ses non-efforts permanents qui pouvaient faire avancer quoi que ce soit. Le blondinet n'aimait pas draguer en temps normal, tout simplement parce qu'il ne savait pas s'y prendre. Trop gauche, il ratait son coup ou alors trop subtil et l'autre ne voyait pas. Puis Carter était trop beau pour que ce soit réciproque, trop parfait pour qu'ils soient ensemble, même une nuit. Micah ne l'avait pas cru gay au premier abord, il y a après tout des hétéros dans le quartier, vivant au Castro pour leurs raisons. Le jeune homme se souviendrait toujours de cette chanson, Carter lui avait donné la feuille des paroles qu'il avait accroché au dessus de son bureau pour ne pas la perdre au milieu de son foutoir, et le blondinet était persuadé que son ami l'avait écrit pour une fille. Le coming-out de CJ fut un ascenseur émotionnel : il fut heureux un instant car il pourrait avoir sa chance, mais de suite très déçu puisque la chanson parlait d'une personne et CJ lui avouait qu'il tenait à cette personne. Alors gay mais à moitié pris, c'était insupportable. Il ne savait pas que la chanson était pour lui et qu'ils avaient des sentiments réciproques. Alors plutôt que de tenter quelque chose, Micah resta à sa place d'ami, la seule place qui lui était accordée. Place qu'il avait laissé quand ils s'engueulèrent comme des cons et que Livingston partit. Ils se seraient rencontrés lorsqu'il était sobre, rien ne se serait passé pareil, jamais il n'aurait osé danser sur le podium et faire des avances aussi peu subtiles. Mais s'il n'y avait que saoul qu'il pouvait tenter quelque chose, il mettait inconsciemment toutes les chances de son coté.

Micah fut surpris lorsqu'il basculait sur le côté et s'enflamma un court instant, croyant que son presque-amant avait décidé de prendre les choses en main. Mais non, il préféra se relever et laisser le beau blond à moitié affalé sur le canapé, l'air déboussolé. Pourquoi lui résistait-il ? Le mensonge sur le « calibre » le fit sourire, un sourire du genre qu'il l'a démasqué. Livingston n'était pas aussi con et savait sur quelle genre de bosse il s'était assis tout à l'heure. Pourquoi ne voulait-il pas ? Le blondinet ne comprenait pas la situation : quand une personne vous fait de l'effet et vous fait des avances directes, il n'y a pas à repousser, réfléchir, jouer les effarouchés ! Ou alors Carter jouait-il tout court … Voir jusqu'où Micah se sentait capable d'aller. Alors là, tant qu'on ne lui disait pas un non direct et franc, l'alcoolo continuerait. Pourtant, à cet instant, il ne répondit rien et le fixa : Carter dans son costume de cow-boy était une vision de rêve et le coup du chapeau devant la bosse renforçait l'idée qu'il se passait quelque chose. Il ne cessait de le regarder et les seules idées passant dans sa tête imbibée furent des plus scabreuses. Il devait se passer quelque chose entre eux, c'était presque obligé car tout était réuni pour. Il fut tirer de sa contemplation lorsque Carter lui parla de sa façon de danser. Micah lui fit un sourire en coin et décida de répondre du tac au tac

« C'est un de mes talents caché. J'en ai d'autres que tu pourrais découvrir … si tu te laissais faire. »

Pour la subtilité, on repassera. Le jeune homme se rassit convenablement, s'avachit sur le canapé sans pudeur aucune pour la bosse bien envie au niveau de l'entrejambe. Il s'en fichait totalement à vrai dire, son cerveau carburait à une vitesse impossible dans son état, comme dopé par l'excitation. Un filon à exploiter, il le sentait. Sans s'enlever le sourire de ses lèvres, il décida de poursuivre sur la lancée.

« C'est vrai quoi, si tu voulais, tu découvrirais pleins de choses … Je te donne un exemple de ce qui aurait pu se passer … Car je suis doué pour avoir de l'imagination et que toi, tu m'inspires ! Etant totalement consentant, tu aurais faire de moi ce que tu veux. Pendant que moi, j'aurais enfin pu t'embrasser car tu sais pas ce que ta bouche donne envie, te donner un baiser des plus ardents pour montrer à quel point tu me rends fou … J'aurais pu descendre sur son cou car c'est une zone qui a toujours fait ses preuves! Si tu testes sur moi, tu verras l'effet que ça me fait ! Ces baisers dans le cou te détendraient, tu pourrais enfin prendre un peu ton pied au lieu de te défiler. »

Il lui racontait tout ce qu'il pourrait lui faire ! Et cela le faisait sourire ! D'ailleurs il continuait avec délectation.

« Quant à mes mains, l'une d'elle a pu constater à quel point tu était à la fois dur et si doux. Alors imagine mes deux mains t'enlever ton gilet qui ne te sert à rien, parcourir ton torse, partir à la découverte du moindre centimètre de peau, esquisser tes muscles, descendre au niveau de la ceinture et laisser frustré que je ne m'y attarde pas alors que c'est là où tout se passe. Toi tu serais pas en reste, tu aurais pu enlever ce que je porte en haut … Tu m'as déjà vu torse nu mais là tu aurais le droit de faire ce que tu veux, toucher, embrasser, je pourrais tout t'accorder. Et pour passer à la suite, je serais descendu doucement, laissant ma bouche découvrir ton corps de rêve tandis que mes mains s'aventureraient enfin sur ton pantalon malmené … »

Il soupira discrètement, il avait les images en tête et n'avait qu'une envie, que cela se produise !

« La suite n'a pas besoin d'un dessin … Je peux juste te dire que je suis doué … »

Il se leva enfin, doucement car il ne voulait pas perdre l'équilibre. Rapidement, ses yeux azurs se reportèrent sur Carter qui n'avait pas du en croire ses oreilles. Le regard de Livingston voulait tout dire, il avait envie de l'autre et tenterait par tous les moyens. Voilà pourquoi il s'avança vers CJ qui reculait de quelques pas. Le problème, ou plutôt l'avantage dans le cas du blondinet, des cabines privées était leur petitesse et on rencontrait des murs sans avoir besoin de faire de grandes enjambées. Alors voilà le jeune homme prisonnier d'un Livingston déchaîné qui se plaqua contre lui, caressa les cheveux de celui qu'il rêverait d'avoir comme amant, et se pencha vers son oreille.

« Mais je pense que rien ne vaut une démonstration ... »

Et sans demander son reste, il déposa quelques baisers sur le cou de Carter, brefs au départ puis plus langoureux, plus sensuels, il commençait à se lâcher et, de sa main libre, il descendit tout le torse du jeune homme avant de la poser juste à côté de la partie sensible toujours aussi malmenée. Elle ne bougeait pas mais se montrait dangereuse par sa proximité. Il lui chuchota à l'oreille une nouvelle fois.

« Je savais que c'était TON calibre que j'avais senti … Laisse toi aller … »

Et le pire se réalisa... Micah n'entendait pas s'arrêter en plein milieu de son action et pour cause... Le blondinet était en train de fantasmer purement et simplement sur un Carter qui au final, ne demandait que ça. Keepers avait beau vouloir mettre de la distance, il était attiré comme un papillon sur de la lumière par son ami tout juste retrouvé. Ses yeux azurs, ses cheveux mal arrangés, son allure loin du garçon toujours propre sur lui et qui n'a jamais rien à se reprocher... tout ça était une machine à fantasme. Il ne voulait même pas imaginer ce que ça allait donner s'il acceptait de se laisser aller à rêver de ce type et lui enlacés dans un effluve d'hormones. Mais c'était tellement plus facile de coucher avec n'importe qui sauf Micah ! Il n'avait pas de sentiments pour les autres, à part de l'amitié. Il s'envoyait en l'air pour l'argent, comme une prostituée finalement... ce qu'il était plus ou moins. Cette soirée aurait du être normale, avec une ou deux passes, trois peut-être s'il tenait physiquement le coup. Puis il serait retourné chez lui, avec le blues d'être toujours froissé avec Micah. Au lieu de ça, il avait retrouvé le jeune homme et ils semblaient réconciliés. Enfin, Micah avait surtout un air pervers et débridée, à cause de l'alcool. Quelle idée de boire comme un trou, lorsqu'on arrive pas à le tenir après ? Et s'il y avait eu un autre mec que Carter ? Est-ce que ça se serait passé ainsi ? Micah aurait-il dansé pour lui et lui aurait-il fait autant de rentre-dedans ? C'était une question qui le taraudait, jusqu'à ce que le blond commence à parler de ce qu'il perdait...

Il allait répliquer à son interlocuteur, qu'il était davantage ivre que consentant mais il se tut, poussé par son inconscient à écouter ce que l'autre lui disait, avec sa voix torride. Livingston était un sacré allumeur ! Et il avait tendance à s'oublier ! Parce que si pour lui, la bouche et les lèvres de CJ étaient un fantasme, les siennes l'étaient aussi pour le jeune Keepers... et sans parler de la peau de son cou, qu'il rêvait de titiller, maintenant qu'il savait que c'était un point sensible... Et voilà qu'il parlait de son torse nu ! Objet suprême de tout ce qu'il pouvait imaginer, toucher cette poitrine, ces abdos que le blond avaient finement dessinés sous sa peau ! A l'évocation de cette aprtie du corps où il rêvait de s'attarder, CJ sentit une douleur lui parcourir le bas-ventre. Quelle idée stupide d'avoir créé des pantalons de cowboy aussi serrés et moulants ! Il n'avait même plus la place pour lui-même là-dedans ! Et si le fûte en lui même n'avait pas été de bonne qualité, il aurait probablement craquer sous la pression. Carter serra légèrement le chapeau sur son entrejambe. Il espérait que le contact le calmerait mais c'était raté... parce qu'en face, il avait cette bombe sexuelle qui n'arrêtait pas de lui parler de choses désirables... Rien qu'à l'idée de savoir que Micah pouvait parcourir sa peau de sa bouche, il se sentait défaillir. Il avait énormément de mal à ne pas succomber en l'envie de le rejoindre. Parce qu'il n'en manquait pas une miette. Il lui jetait de petits regards, fuyants, mais il remarquait toujours les détails les plus marquants : son charme, un mec bourré avait une certaine classe, son regard, électrique, qui ne le lâchait pas d'une semelle... et puis... sa bosse, qu'il ne cherchait même pas à cacher, qu'il affichait même avec une certaine fierté...

Résolument, non... il ne pouvait pas ignorer cet homme, pour qui il éprouvait des sentiments biens plus grands qu'une simple envie sexuelle. Il ne pouvait pas ignorer ce mâle en pleine vigueur qui n'attendait qu'une chose : qu'il cède et qu'il se donne. La nuit allait être agitée, il n'y avait pas besoin d'être devin pour le savoir... Un silence s'installa, Carter ne broncha pas, il était paralysé par ce qu'il venait d'entendre, mutilé entre l'envie de libérer tout ce qu'il avait en lui et l'envie de fuir, loin, de se jeter dans les mains des skins... de ne plus voir Micah devant lui, à lui marteler la conscience et le coeur. Ce dernier battait d'ailleurs à 100 à l'heure, et il n'arrivait pas à se calmer. Tous ses sens étaient éveillés par cette description que l'autre venait de faire. Et lorsque celui-ci se leva, pas très sûr de pouvoir marcher et qu'il s'approcha, CJ ne put bouger, il n'en trouva pas la force au fond de lui. C'était un peu comme s'il était piégé, il n'avait plus trop conscience du décor, il y avait juste ce type, avec sa démarche ethérée, son sourire en coin ravageur, et sa bosse bien visible. Immobile et comme résigné, Keepers le laissa parvenir jusqu'à lui, sentant ses propres forces l'abandonner. Il ne pensa même pas à repositionner le chapeau qui avait glissé sur le côté. Lorsque Micah se tint à quelques centimètres de lui, il recula légèrement, par pur réflexe. Bientôt il sentit une surface dure le bloquer... le mur... Incapable de se dégager à temps, il eut bientôt Micah plaqué contre lui. Il sentait sa chaleur à travers les vêtements et il ne put retenir un soupir. Le chapeau tomba à terre, il ne pouvait plus mentir...

- Micah... je...

Mais déjà l'autre enchaînait en lui murmurant doucement à l'oreille. Le léger souffle chaud, dont on sentait l'alcool mais ce détail était bien dérisoire dans cette situation, lui fit fermer les yeux. Il frémit lorsque le blondinet l'embrassa sur le cou, brièvement. Il trembla lorsque les baisers se firent plus fougueux, plus entreprenant. Et son coeur manqua des battements lorsque Micah posa sa main tout près de son entrejambe, où apparaissait une bosse bien visible, comme si le pantalon allait éclater. Ce contact était trop près, comme l'avait été la caresse sur son torse... Et il laissait faire, incapable de trouver la force de s'éclipser, de se soustraire à ce dont il rêvait toutes les nuits ou presque depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Il le laissa chuchoter et reprendre ses baisers sur la fine peau de son cou. Et à chaque fois, son entrejambe le lançait. L'autre devait bien sentir les légers spasmes... sa main était toute proche... Dos au mur, prisonnier de Livingston, CJ savait que s'il devait répondre, ce serait maintenant. Et que le choix devait se faire tant qu'il le pouvait encore. Premier réflexe, il s'écarta légèrement sur le côté, empêchant Micah de l'embrasser à nouveau. Mais l'autre revenait à la charge, impassible. Que faire ? Il repensa à leur amitié, à l'état de Micah et ce n'est que grâce à ça qu'il trouva la force de se défaire. Il le poussa légèrement mais l'autre était tenace... et résolu à mener à bout ce qu'il avait entrepris.

- Arrête, Micah...

Sa voix tremblait tellement sous l'émotion qu'elle était difficilement crédible. Et d'ailleurs, elle ne parut même pas se faire entendre chez le jeune blond. Il continuait à en profiter pour l'allumer davantage. Désespéré et mû par une conscience qu'il pensait être enfouie au fond de lui pour toujours, il se reprit en main. Il poussa brutalement Micah, sans prévenir. Le jeune homme, surpris et émêché, tomba en arrière et tomba sur le sol. Il n'avait l'air de s'apercevoir de ce qu'il venait de se passer. Tendu, aux limites de son self-control, Carter répliqua, d'un ton tranchant et impérieux :

- Je t'ai dit d'arrêter ! Laisse-moi, t'entends ? Laisse-moi tranquille ! Arrête ça ! Arrête... d'accord ? C'est fini, maintenant...

Il le toisa, complètement perdu. Et il s'en voulut aussitôt de l'avoir poussé au sol. Il lui prit le bras et l'aida à se relever.

- Excuse-moi... j'ai... je...

Et lorsque le jeune blond fut debout, l'air décontenancé, Carter laissa sa phrase en suspens et le regarda droit dans les yeux. Sans réfléchir, il saisit sa tête entre ses mains et l'embrassa fougueusement et énergiquement... Non, il ne pouvait plus résister à ce type, il ne pouvait plus l'ignorer, ni ignorer ce désir puissant qui ne le quittait plus...

Pas de résistance possible, il n'y avait pas d'autre issue que de se laisser faire. Carter avait du abandonner sa lutte puisqu'il soupira lorsque le blondinet se colla contre lui. Et à coup de baisers dans le cou et de main près de la bosse, Micah put dire sans aucun doute que son presque amant prenait du plaisir, il le sentait trembler, secouer de spasmes de temps à autre. Même sa voix trahissait ce qu'il ressentait. Le garçon sous alcool continuait malgré le léger recul ou que CJ tenta vainement de le repousser, rien de bien violent ou concluant pour s'arrêter ou comprendre qu'il ne voulait pas. Comment ne pas vouloir d'un type qui vous saute au cou, vous explique ce qu'il aimerait vous faire, a dansé pour vous et s'offrait tout entier sans conditions ? Certains avec une morale vous expliquerait que profiter d'un garçon imbibé d'alcool, marchant pas droit, pas conscient de ses actes et qui ne se souviendrait pas forcément de ce qu'il avait fait le matin venu. Cela était bien beau sur le papier ou dans les pensées mais qui s'y tenait vraiment ? Pas grand monde à dire vrai vu le nombre de fois où Micah se réveillait dans un lit qui n'était pas le sien, la tête dans le sac, essayant de se remémorer ses souvenirs mais confondant la réalité et le rêve … Bref, c'est bien beau dire qu'il ne faut pas profiter de l'autre alcoolisé, mais peu le mettent réellement en pratique. Cela ne faisait pas d'eux, ni de Carter, des salauds puisque Livingston était consentant et c'était à lui de ne pas boire autant. N'empêche, heureusement qu'il avait forcément sur la bibine car rien de tout cela ne serait arrivé, jamais sobre il n'aurait pu chauffer Carter de la sorte, il serait resté dans son coin, croyant ce garçon inaccessible. Le point positif était qu'ils s'étaient rabibochés, plus que cela même. La bouche sur le cou de Carter prouvait bien qu'ils n'étaient plus en froid !

Plus qu'un désir purement physique, il s'agissait de davantage, une sorte de rêve qui se réalisait. Depuis leur rencontre, il fallait avouer que Micah avait eu un sacré coup de cœur pour son sauveur ! Trop violent d'ailleurs pour son cœur d'ailleurs et le jeune homme avait vu ses jours peuplés de Carter, le jour lorsqu'il venait s'infiltrer dans ses pensées lorsqu'il ne bossait pas ou après l'avoir vu au loin dans le parc entrain de jouer. Et la nuit pour des choses beaucoup plus scabreuses où il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit tant le plaisir était violent, il respirait bien trop vite, le cœur battant à toute allure et son entrejambe … pas la peine d'en parler, son état n'était pas au repos ! Alors oui, il avait envie de son sauveur, il avait pour lui un désir plus que violent qu'il réprimait en sa présence ou depuis qu'il l'avait envoyé paître. Il fallait avouer que Carter était loin d'être vilain, de visage avec ses yeux clairs pétillants, sa bouche pulpeuse à embrasser sans modération et dont le sourire était lumineux, une barbe de trois jours le rendant plus sexy que jamais, comme de corps que Micah découvrait ce soir avec ces abdos magnifiquement dessinés tout comme ses pectoraux. A sa main posée non loin des parties sensibles, il savait que s'ils concluaient, ce serait fête avec feux d'artifice pour Micah ! Et sans ça, rien qu'à le voir mouler dans son jean, il était véritablement un sex-symbol sur pattes. Il n'y avait pas que le sexe et de désir, il y avait de véritables sentiments. Seulement, ceux-là ne ressortaient pas en premier lieu, même si cela était une motivation.

Micah ne vit pas ce qui arriva. Trop concentré dans ses baisers, il avait descendu la main qui se trouvait dans les cheveux de Carter pour commencer à se balader sur son cou puis partir à la conquête de son torse … C'est là que l'improbable se produisit : CJ le repoussa violemment ! Il n'eut pas le temps de reprendre l'équilibre ou se rendre de quoi que ce soit qu'il se retrouve le cul au sol. Micah ne comprit pas ce qui lui arrivait, son regard perdu regardait le sol à gauche puis à droite puis leva ses yeux océan vers celui qui venait de le jeter au sol entrain de lui gueuler dessus ! Qu'est ce qu'il avait fait de mal ? Carter n'avait pas opposé une réaction suffisante et son « arrête » voulait davantage dire : encore ! Son cerveau avait déjà du mal à fonctionner mais là, il ne comprenait plus rien. Après l'avoir rejeté, CJ venait à son secours, lui prit le bras pour le relever. Livingston avait perdu son sourire et toute son attitude d'allumeur, il avait plus l'air perdu qu'autre chose. Debout, face à son sauveur, leurs regards se croisèrent. Qu'il était beau, difficile de lui en vouloir ! Et là encore une fois, Micah ne vit pas arriver la suite. Carter prit sa tête entre ses mains et ses lèvres s'écrasèrent contre celles de Micah. Il l'embrassait ! Le jeune homme ouvrit les yeux tout ronds, perplexe. Puis il se laissa aller, ferma les yeux et enlaça CJ, se colla contre lui et répondit avec la même passion dans ce baiser qu'il n'espérait plus. Son cœur avait raté un battement et le voilà à présent à reprendre à une chamade d'enfer, un rêve qui se réalisait après des mois sans rien faire puis un allumage intensif. Carter embrassait comme un dieu, tout comme ce qu'il avait imaginé. Il avait fait des dizaines, voire plus, de scénarios avec baisers inclus, de tous les styles allant du petit timide au violent. Là, c'était passionné, fougueux, typer sexuel qui annonçait bien la suite des évènements ! Micah répondait avec la même ardeur, il ne voulait pas lâcher cette bouche délicieuse, un extase pour les sens !

Il n'arrivait plus à penser, bloqué sur ce baiser tant attendu où il ne voulait plus s'arrêter. Ses mains, quant à elles, recommencèrent leur expédition. Le dos fut exploré et l'une d'elle effleura, titilla la nuque de celui qui deviendrait son amant sous peu. L'autre préféra descendre jusqu'aux fesses qu'il n'avait pu touché jusque là qu'avec les yeux ! Ce n'est pas parce qu'il n'arrivait pas à regarder CJ dans les yeux, cela ne l'avait pas empêché de le regarder de dos et d'admirer ce qu'il y avait à voir ! Alors après la vue, il y avait le toucher. Seulement à ce moment là, Micah stoppa le baiser, il haletait, incapable de se calmer, les hormones se diffusaient à une vitesse folle, il n'arrivait plus vraiment à se contrôler. Carter se trouvait si près de lui, à peine quelques centimètres pour atteindre ses lèvres.

« Ca c'est ce qui appelle se faire désirer … »

Ses mains se rejoignirent sur les épaules de CJ, l'une passant par son cou qui en profita pour retirer le petit foulard gênant tandis que l'autre remonta par le torse en partant des abdos, et il fit glisser le gilet sans manches sur le sol. Certes, il ne cachait pas grand chose mais là, le torse nu, il était encore plus beau. Les yeux azurs du Livingston sous alcool contemplait ce corps avec envie et sans aucune gêne. Il respirait toujours par la bouche, comme s'il essayait de se calmer sans y arriver, ses lèvres entrouvertes et son regard émerveillé lui donnait un petit air amusant qu'il stoppa net lorsqu'il embrassa à nouveau Carter. Il était moins fougueux mais davantage sensuel, difficile de ne pas comprendre qu'il voulait passer aux choses sérieuses alors que ses mains parcouraient en profondeur la partie du corps mise à nue, effleurant du bout des doigts aux niveaux des pecs, ses mains se faisaient plus insistantes au niveau de ses abdos. Il était secoué par des spasmes rien qu'en le touchant et Keepers pourrait faire n'importe quoi de lui, il serait d'accord tant il était excité. Puis une nouvelle fois, sa bouche se dirigea vers le cou du jeune homme, y déposer des baisers voluptueux, il jouait avec les réactions du beau gosse et en prenait un plaisir fou. Une de ses mains lui caressa la joue, un peu ses cheveux, sa bouche remonta jusqu'à son oreille.

« Je suis un sacré chanceux … Tu es un véritable fantasme sur jambes … Tu pourrais avoir tous les mecs que tu veux et c'est moi qui suis là … »

Il reprit ses baisers et c'est là que son autre main descendit comme précédemment mais cette fois, au lieu de se poser à côté de la bosse, il la posa dessus ! Et sa main caressa doucement, histoire d'accroitre la pression dans ce jean bien trop serré pour le garçon. Le reste de la soirée s'annonçait torride !

Si Micah sembla surpris au début, d'un tel revirement de situation, cela en était de même pour CJ qui s'était étonné lui même en fait. Jamais il n'avait pu penser craquer... ni même en venir à l'embrasser avec autant de passion autant de désir. Et maintenant, il s'en voulait de ne pas avoir réagi plus tôt tant le jeune blond était un nid à fantasmes et à pulsions sexuelles. Et le pire dans cette histoire, c'est que Livingston, une fois la surprise passait, lui rendait ses baisers avec presqu'autant d'attentes, comme s'il ne rêvait que d'une personne pour unique raison de vivre : Carter. Il n'avait la moindre idée de ce qu'il faisait en répondant ainsi... ni de ce qu'il déclenchait. Keepers sentait son entrejambe opprimer le lancer de douleur par moments. La chaleur du corps très proche de Micah venait éveiller davantage ses sens, déclenchant des soupirs de plaisir décomplexés à peine retenus. Il posa ses mains sur les hanches du blondinet, dans un contact très sensuel, tandis que sa bouche n'en finissait pas de rencontrer la sienne. C'était plus qu'un fantasme qu'il vivait, c'était un désir amoureux qu'il pensait voué à l'échec depuis longtemps... Et cela ne le rendait que plus sincère dans cette façon d'entrer au contact des lèvres, de la bouche de son futur-amant. Il ne voulait plus quitter Micah, plus jamais... Et dire que les skins-heads étaient responsables de ce qui allaient se produire ! Quelle ironie du sort ! Carter ne cachait plus son excitation... à quoi bon maintenant ?

Livingston ne voulait pas lui laisser de répit, ça tombait bien parce qu'il n'en voulait pas non plus. Ce serait perdre du temps que de ne pas pouvoir parcourir ce splendide corps qui s'offrait à lui et qu'il n'avait touché qu'en rêve. Le blondinet ne perdait pas le nord, il lui ôta ce foulard, obstacle incontournable à ses baisers et accessoire un peu ridicule, il fallait bien l'avouer... CJ sentait quelques effluves d'alcool venant de son ami mais au lieu de le rebuter, ça ne faisait que l'exciter davantage. Après le foulard, ce fut au tour de son gilet de tomber au sol, dévoilant un torse musclé, aux formes harmonieusement dessinées et à la pilosité assez rare finalement. Il commençait à avoir chaud et sur ses abdos un peu de sueur faisait luire sa peau. Carter ne pouvait retenir ces soupirs de plaisir lorsque Micah lui caressait le torse et le vente avec autant de volupté... Lui qui d'habitude arrivait à se contrôler, se montrait moins apte à garder le contrôle sur lui-même. Il fut parcourut un frisson et d'un geste un peu saccadé, il passa l'un de ses mains sur le torse du blondinet, passant insidieusement sous son t-shirt. Sans voir ce torse, il savait qu'il était parfait, avec des muscles bien taillées, une peau douce, légèrement humide de transpiration chez lui aussi. Micah s'était approché de son oreille pour y glisser quelques mots. Et puis comme si rien que lui n'y suffisait pas, il déposa sa main sur la bosse proéminente de CJ... Ce dernier eut comme une décharge électrique au moment où il sentit le contact. C'était divinement agréable et cela ne fit qu'accentuer son excitation, ce que Micah dut ressentir sous sa main...

Mais ce qu'il dut surtout sentir avec surprise c'est la main de CJ l'empoigner par le t-shirt avec frénésie. D'un geste précis et brusque, Carter tira et déchira le haut de Micah. Qu'importe le t-shirt, dans les vestiaires il lui en trouverait un autre ! Au pire il pourrait toujours prendre le sien. Quand le vêtement fut ouvert en deux sur le côté, Keepers posa ses deux mains sur cette peau si sauvagement mise à nue et ses doigts d'artistes se promenèrent sur l'épiderme légèrement humide du blondinet. Il parcourait cette terra incognita avec délectation. C'était mieux que dans ses rêves ! Il continuait de l'embrasser avec passion, de façon brêve, comme s'il avait faim de lui, de sa bouche. Les hormones déchaînées se répandant dans tout son organisme, CJ passa ses deux mains dans le dos de Micah pour les introduire dans l'arrière de son pantalon, forçant ainsi le passage. Ses doigts entrèrent dans l'arrière de son caleçon et vinrent caresser ses fesses. D'un geste du bras, Carter le serra davantage contre lui, de sorte que leur deux corps se retrouvent serrés l'un à l'autre. Leurs bassins, face à face pouvaient percevoir l'état d'excitation de l'autre sans même qu'ils ne regardent. Continuant ses baisers, il effleura de la langue le cou du jeune blond et de ses lèvres, il vint lui pincer le lobe de l'oreille, pour le titiller davantage. Et tandis que son entrejmabe le lançait à nouveau, il fit quelques mouvements circulaires du bassin pour que leurs zones sensibles se frottent mutuellement. Un coupir d'aise lui échappa dans le creux du cou de Micah, projetant sur sa peau un long souffle chaud, délicieux... C'est alors que CJ le regarda droit dans les yeux, et lui dit, dans un aveu libérateur :

- Je pourrais avoir tous les mecs que je veux, oui. Mais c'est toi qui es là... c'est toi qui est à la place des autres mecs... autres mecs dont je me fous éperdument... parce que à cette place ça, je ne te veux qu'à toi, personne d'autre... cela fait si longtemps que je te veux, toi... si longtemps que je te désire à en perdre la raison... Micah, c'est toi que je veux personne d'autre...

La passion le faisait se répéter pour à peu près dire la même chose mais au moins il n'en était que plus sincère. N'y tenant plus, il l'embrassa une nouvelle fois puis pencha la tête, ses deux mains toujours en train de caresser ses fesses. Sa bouche entreprit de réaliser un vieux rêve : goûter ce torse, le dévorer des lèvres jusqu'à épuisement. Sa bouche embrassa ses épaules, ses pectoraux puis vint s'attarder sur ses tétons. Promenant sa langue sur le torse nu de Micah, il descendit sur ses abdominaux, au dessus desquels de temps en temps il déposait quelques baisers torrides. La positions d'avérait cependant inconfortable. Il se redressa et doucement, il poussa Micah sur la banquette, là où quelques instant auparavant, il l'avait regardé danser, son excitation montant contre son gré. Le blond était assis et CJ s'agenouilla devant lui, entre ses jambes pour continuer à embrasser le ventre de cette bombe sexuelle. D'une main, il caressait cette peau lisse et parfumée, alors que de l'autre, il caressait le haut de la cuisse de son partenaire. Ses doigts effleurèrent d'abord son entrejambe, doucement, comme par crainte de le réveiller, de le déranger. Puis, alors qu'il mordillait les abdos de Micah, elle se posa dessus, dans un petit geste circulaire pour masser cet endroit qui d'ici peu deviendrait le centre d'attention principal. Keepers se redressa et s'assit sur les genoux de son ami, sa bosse semblait avoir encore grandi. Il pressa une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes puis, il murmura, le regard allumeur :

- Le véritable fanstasme c'est toi, Micah... tu es une machine à fantasme, sur laquelle je compte bien travailler... je sais pas si tu le sais, mais ils envisagent d'installer ici des machines à sous, des bandits manchots pour être exacts... ce sont des machines avec un manche qui peut t'envoyer au septième ciel en te faisant gagner le gros lot... comme toi... avec ton manche, tu as tout de la super machine à orgasme...

Il ouvrit le bouton de jean à Micah et sans hésiter, il faufila sa main à l'intérieur, exerçant un massage torride qui allait probablement déboucher sur plus encore... la nuit était loin d'être terminée... les deux hommes étaient consentants, ils avaient plus qu'envie l'un de l'autre et en plus, ils avaient à leur disposition toute une salle rien que pour eux... voilà l'occasion de se mettre au travail... enfin, au plaisir plutôt.

» Carter J. Keepers